l oeil d horus résumé par chapitre

Publishingplatform for digital magazines, interactive publications and online catalogs. Convert documents to beautiful publications and share them worldwide. Title: Trilogie Weulersse - ressource pédagogique, Author: Marie Legrand, Length: 25 pages, Published: 2014-07-24 Documentenvoyé le 27-03-2021 par Amandine V. 33 questions chapitre par chapitre pour vérifier la lecture ou aider à la compréhension en cours de lecture. Avec corrigé. > Le Colonel Chabert , de Balzac Document envoyé le 03-11-2004 par Flavie Questionnaire sur le roman et le contexte du XIXe siècle qu'il évoque. > Le Colonel Chabert, de Voicil'œil d'Horus avec son équivalence mathématique. On y perçoit les six éléments de l'œil utilisés par les scribes comptables pour représenter des écritures fractionnaires (plus précisément des fractions dyadiques). On pourra remarquer que le numérateur est toujours égal à 1 (il s'agit donc de fractions unitaires). Dansl'antiquité Meni doit devenir roi de la haute Egypte mais il n'est pas débrouillard. Il n'aime pas les sports dangereux : Tirer à l'arc Mais son pére le force à accomplir 3 exploits qui sont très dangereux. Il affronte beaucoup de monde dans cette grande aventure qui l'aidera peut etre à être roi. CE LIVRE EST BIEN CAR IL Y A DE L'ACTION. ESNA- temple d'Horus antichambre de la salle au trésor - IMOTEP l'héritier de celui qui est au sud de son mur (Gd mur de Memphis ?) qui guérit à sa façon chaque maladie PHILAE : Pylône tour ouest - Paroles d'Imhotep le Grand , fils de Ptah, le dieu bienfaisant et secourable , issu de Tatenen , le Seigneur de la vie, du don qui AIME le dieu par lequel vit tout homme. nonton the witcher season 1 sub indo. Véronique Dasen et Armand M. Leroi Texte intégral 1Lors de la séance du 9 janvier 1826 de l’Académie royale des Sciences de Paris, l’anatomiste français Étienne Geoffroy Saint-Hilaire présenta à l’assemblée une étrange momie humaine provenant d’Égypte. Elle lui avait été remise par Joseph Giuseppe Passalacqua qui le prenait pour un singe cynocéphale. 1 À côté de l’ibis, plus de trente espèces d’oiseaux ont ainsi été identifiées par J. Boessneck et A ... 2Que J. Passalacqua ait identifié la créature à un animal n’est pas surprenant. Il l’avait trouvée dans le cimetière de Touna el-Gebel, situé à l’orée du désert en Moyenne Égypte, à environ 10 km de la cité d’Hermopolis Magna el-Ashmunein. Cette nécropole, composée d’un vaste réseau de galeries souterraines, était réservée aux animaux consacrés au dieu lunaire Thot, vénéré sous la forme d’un babouin ou d’un ibis. La momie provenait d’un secteur occupé par des singes Papio cynocephalus anubis, embaumés, comme elle, en position accroupie ; on avait même glissé dans ses bandelettes une amulette en forme de babouin Hamadryas. Les catacombes recelaient d’autres animaux momifiés à travers lesquels la puissance divine pouvait se manifester, en majorité des ibis, mais aussi des bœufs, béliers, crocodiles, chiens, chats, poissons, gazelles, ainsi que différentes espèces d’oiseaux et de petits animaux1. La plupart de ces animaux avaient probablement grandi dans des élevages spécialisés aux environs du temple avant d’être tués, puis vendus embaumés aux pèlerins pour être consacrés à la divinité. 2 J. Passalacqua, Catalogue raisonné et historique des antiquités découvertes en Égypte, Paris, Gale ... 3 J. Passalacqua, op. cit., 1826, p. 230 ; D. Kessler, Forschungsstand bis 1983 », in J. Boessneck... 4 D. Kessler, A. El Halim Nurredin, Der Tierfriedhof von Tuna el-Gebel, Stand der Grabungen bis 19 ... 3Les informations sur les circonstances de la découverte de la momie examinée par É. Geoffroy Saint-Hilaire sont malheureusement très incomplètes. J. Passalacqua se contente d’indiquer qu’il la trouva dans un tombeau de cynocéphales »2. Était-elle déposée dans un sarcophage en bois, comme d’autres spécimens logés dans les niches des galeries ?3 Le reste de la galerie C, où étaient concentrées les momies de cynocéphales, fut fouillé de 1931 à 1952 par S. Gabra de l’Université du Caire, mais sans faire l’objet de publications. Les investigations furent reprises sur le site en 1989 par l’Université de Munich sous la direction de Dieter Kessler4. 5 D. Kessler, Die heiligen Tiere und der König, I, Beiträge zu Organisation, Kult und Theologie der ... 6 D. Kessler, op. cit., 1987, p. 12 ; D. Kessler, A. El Halim Nurredin, op. cit., p. 262, fig. 14. 4On sait aujourd’hui que la nécropole se développa sous la XXVIe dynastie au moment où la représentation divine sous forme animale connut un nouvel essor. Le culte des animaux sacrés devint alors très important5. Le complexe cultuel comprenait un temple de Thot qui fut probablement construit sous le règne du pharaon Amasis vers 570 av. et restauré ou agrandi sous le règne de Ptolémée Ier vers 300 av. Une voie processionnelle le reliait au temple de l’Osiris-babouin et de l’Osiris-ibis, d’où un escalier menait aux catacombes. Des chapelles souterraines furent aménagées à l’époque ptolémaïque. Elles étaient dédiées à des babouins déifiés dont les momies, rarement conservées, avaient fait l’objet de soins qui témoignent de leur statut particulier collier Ménat, amulettes d’œil oudjat, pilier Djed, Bès...6. 7 É. Geoffroy Saint-Hilaire in J. Passalacqua, op. cit., 1826, p. 230. 5Nous ne connaissons pas les raisons qui amenèrent J. Passalacqua à juger cette momie digne de l’attention de l’un des plus grands anatomistes de son époque. Des détails singuliers, peut-être sa taille, l’incitèrent à la présenter à É. Geoffroy Saint-Hilaire pour qu’il en détermine l’espèce. É. Geoffroy Saint-Hilaire en fut ravi ; il écrit ... qu’il ne me fut point difficile d’y reconnaître, dès qu’elle fut entièrement développée, une des monstruosités de l’espèce humaine dont j’avais eu occasion de m’occuper. »7 Il ajoute qu’il fut si enthousiasmé à la vue d’une production aussi singulière et aussi inattendue, que j’ai prié M. Passalacqua d’autoriser que je pusse de suite informer d’un fait aussi curieux le monde savant et l’Institut de France. » 8 I. Geoffroy Saint-Hilaire, Histoire générale et particulière des anomalies de l’organisation chez ... 9 Histoire des Monstres, Paris, Reinwald, 1880 ; rééd. Grenoble, Jérôme Millon, 2002, p. 29-30. 10 Monstres. Histoire du corps et de ses défauts, Paris, Syros, 1991, p. 26-28. 6Cette momie constitue une découverte remarquable car elle représente l’un des plus anciens témoignages paléopathologiques de nouveau-né atteint d’anomalie congénitale. Le discours d’É. Geoffroy Saint-Hilaire est régulièrement cité par les historiens de la tératologie, tel son fils Isidore Geoffroy Saint-Hilaire 1832-18368, Ernest Martin 18809 et, plus récemment, Jean-Louis Fischer 199110. En dépit de sa célébrité, la momie tomba soudain dans l’oubli, et longtemps certains la crurent même perdue. Nous avons récemment retrouvé sa trace dans le dépôt du Musée égyptien de Berlin où elle porte le numéro d’inventaire SMB 724. Après un bref rappel de son histoire, de sa découverte vers 1820 à l’époque contemporaine, nous passerons en revue les différentes réactions qu’elle éveilla, des Égyptiens de l’époque ptolémaïque aux tératologues contemporains, en passant par les naturalistes du XIXe siècle. Les tribulations de la momie 11 É. Geoffroy Saint-Hilaire, Description d’un monstre humain né avant l’ère chrétienne et considér ... 12 W. R. Dawson, E. P. Uphill, M. L. Bierbrier, Who was who in Egyptology, London, Egypt Exploration ... 7J. Passalacqua, comme tant d’anciens découvreurs, occupe une position ambiguë dans l’histoire de l’archéologie. Pilleur de tombes à ses heures, il fut aussi le fondateur et le conservateur de l’Ägyptisches Museum und Papyrussammlung à Berlin-Charlottenburg, l’une des plus grandes collections d’archéologie d’Europe. Né en 1797 à Trieste, il était parti en Égypte comme marchand de chevaux. Ses affaires n’ayant pas prospéré, il entreprit des fouilles et rassembla une importante collection d’antiquités provenant de Thèbes et d’autres sites. Après avoir ramené sa collection à Paris en 1826, il l’exposa dans l’espoir de la vendre au gouvernement français pour la somme de 400 000 francs. Geoffroy Saint-Hilaire examina la momie monstrueuse alors que la collection était à Paris ; il la commenta puis l’illustra dans au moins deux articles fig. 111. En 1827, après avoir en vain attendu une offre du Louvre, J. Passalacqua vendit sa collection à Frédéric-Guillaume IV de Prusse pour 100 000 francs. Il devint conservateur du Musée des antiquités égyptiennes à Berlin en 1828, et y demeura jusqu’à sa mort en 186512. 1 - L’anencéphale en 1826. D’après É. Geoffroy Saint-Hilaire 1825, pl. 18. 1-4. A. mumia 1. Vue ventrale ; 2. Vue dorsale ; 3. Vue latérale ; 4. Detail du dos du crâne. 5. Amulette de babouin. 6-8. Trois autres types d’Anencephalus, A. perforatus, A. cotyla and A. icthyoïdes 8A. Erman décrit ainsi la momie dans le catalogue du musée de Berlin 13 A. Erman, Ausführliches Verzeichnis der Ägyptischen Altertümer und Gipsabgüsse, Berlin, W. Spemann ... 724. Mumie einer menschlichen Missgeburt, die in einem Affengrab in Schmun beigesetzt war ; in ihre Binden war die FayenceFigur eines hockenden Affen hineingelegt. Man nahm also wohl an, die betreffende Frau habe einen Affen geboren Pass. »13 14 Communication du Dr. H. Kischkewitz. 15 Lettre du 9Pendant la seconde guerre mondiale, les bombardements des Alliés causèrent d’importantes pertes au musée de Berlin. Probablement cachée dans les caves du nouveau musée, la momie ne fut toutefois pas détruite14. En juillet 1974, Fritz Dick, Regisseur und Kameramann Medizin-Film » put encore la radiographier et livrer le rapport suivant fig. 215 2 - L’anencéphale en 1974. Radiographie de Fritz Dick. Berlin-Charlottenburg, Ägyptisches Museum und Papyrussammlung 16 Trad. Constat radiologique de l’anencéphale objet 724. Âge de développement environ 7 mois. ... Röntgenbefund des Anencephalus Objekt 724.Entwicklungsalter etwa 7 Monate. Infolge der erzwungenen Sitzhaltung ist der A. röntgenologisch schlecht auswertbar. Es fällt auf, das der Unterkiefer 1 fehlt, daher die vogelkopfartige Oberkiefergesichtspartie. Abnorm grosse Augenhölen 2. Nach der Röntgenaufnahme könnte der Unterkiefer eventuell stark nach unten geklappt worden sein, so dass er der ventralen Thoraxwand anliegt 3. Das Fehlen des Unterkiefers ist aber nicht auszuschliessen. Anstelle des nicht ausgebildeten Hirnschädels stellen sich knöcherne Deformitäten dar 4. Die Halswirbelsäule ist krückstockartig eingebogen 5. Die zarten Knochen des Präparates sind wahrscheinlich beim Mumifizieren und beim Verbringen in die Sitzhaltung stark frakturiert worden, so ist u. a. eine deutliche Fraktur des Oberschenkelknochens 6 zu erkennen. Ferner sind die Unterschenkelknochen durch Gewalteinwirkung vom Fussskelett 7 getrennt, verlagert und auch z. T. frakturiert. Die Knochen der oberen Extremitäten sind ebenfalls durch das Bandagieren stark verlagert. Die Knochen wirken im Verhältnis zur Grösse des A. sehr plump. An der Wirbelsäule zeigt sich die typische spina bifida 8. »16 17 Gorlin, M. M. Cohen, R. C. M. Hennekam, Syndromes of the Head and Neck, Oxford, Oxford Unive ... 18 Cf. R. J. Oostra, B. Baljet, R. C. M. Hennekam, Congenital anomalies in the teratological collec ... 10Depuis lors, la momie n’a plus fait l’objet d’étude ni de publication. Son état de conservation a continué de se détériorer à tel point qu’aujourd’hui n’en subsiste plus qu’une collection de fragments dont le plus grand correspond au bras gauche fig. 3. La figure 4 montre à quoi pouvait ressembler l’enfant à sa naissance. Les anencéphales n’ont pas de voûte crânienne et leur cerveau est réduit à une masse de tissus nécrosés17. Une tête renversée, des yeux globuleux et l’absence de front et de cou sont des traits caractéristiques. L’illustration de Geoffroy Saint-Hilaire et la radiographie suggèrent que la momie SMB 724 avait une forme particulière d’anencéphalie holoacrania avec rachischisis »18. Le crâne ne s’est pas formé et la colonne vertébrale est restée ouverte dans la région dorsale et près de la tête. Cette malformation n’est pas viable, et l’enfant fut soit mort-né ou mourut rapidement peu après sa naissance. 3 - L’anencéphale en 2004. Photo H. Kischkewitz, Berlin-Charlottenburg, Ägyptisches Museum und Papyrussammlung. Le plus grand des fragments conservés. Il s’agit essentiellement d’une partie du bras gauche A. main ; B. coude ; C. haut du bras Regards égyptiens 19 Voir F. Drilhon, Un fœtus humain dans un obélisque égyptien en bois », Archéologie et médecine. ... 20 Cf. C. Andrews, Amulets of Ancient Egypt, London, British Museum Press, 1994, spéc. p. 39-40 Bès ... 11Les premiers examens avaient fait apparaître plusieurs détails inhabituels qui semblaient traduire le statut ambigu de l’enfant momifié, entre l’homme et l’animal. Alors que les membres des êtres humains sont allongés, même au stade de fœtus, le nouveau-né monstrueux était en position accroupie, les mains posées sur les genoux, comme un cynocéphale19. Il avait reçu le même traitement qu’un singe sans se soucier de ses anomalies, les embaumeurs avaient soigneusement éviscéré son crâne par le nez, alors que la tête ne contenait pas de matière cérébrale. Comme un être humain, la momie portait une amulette en faïence, mais d’un type particulier au lieu du dieu nain Bès, gardien des enfants, on lui avait joint une figurine en forme de babouin, assis dans la même attitude que la momie fig. 1-520. 4 - Enfant anencéphale. Amsterdam, musée Vrolik. Photo Jeremy Pollard mai 2003 21 J. Passalacqua, op. cit., 1826, p. 232-233. 22 Man nahm wohl an, die betreffende Frau habe einen Affen geboren », op. cit. 23 E. Martin, op. cit., 2002, p. 30. 12É. Geoffroy Saint-Hilaire en déduisit que l’enfant, exclu des sépultures humaines, avait été assimilé à un animal. Le port de l’amulette le soulignait, par une sorte de comparaison entre l’infériorité organique accidentelle de la monstruosité embaumée, et l’infériorité normale de l’être le plus dégradé parmi les animaux à face humaine »21. A. Erman affirme que l’on avait pensé qu’» une femme avait accouché d’un singe »22. Pour E. Martin, l’anencéphale constituait ainsi le témoignage irréfutable de la croyance des Égyptiens dans l’origine bestiale des êtres humains monstrueux »23. Les Anciens auraient identifié la créature à un être né d’une femme, mais dont on regardait l’origine comme bestiale ; on l’avait assimilé à un animal, mais d’une espèce qui, dans la symbolique égyptienne, occupait le premier rang et dont la religion prescrivait de conserver pieusement les restes ; on l’avait, en un mot, honoré comme un animal sacré. » 13Ce jugement, régulièrement répété dans les ouvrages de tératologie, ne correspond toutefois pas aux croyances égyptiennes. L’enfant ne fut pas considéré à sa naissance comme un animal, et ne constitue pas un témoignage de zoolâtrie. Ce point de vue plaque sur le monde égyptien des attitudes propres à d’autres périodes. 24 Par ex. Pline, Histoire naturelle, ; Tite-Live, ; ; Valère Maxime Sur le... 25 Pline, Histoire naturelle, 26 Génération des Animaux, ; Lucrèce, De la nature, 27 Soranos, Des maladies des femmes, ; D. Gourevitch, Se mettre à trois pour faire un bel enfa ... 14Dans la Rome républicaine, différentes sources racontent l’enfantement d’une créature animale ou hybride. Pline, Tite-Live, Valère-Maxime et d’autres auteurs rapportent qu’une femme aurait accouché d’une créature avec une tête d’éléphant atteint de cyclopie ?, d’un porc à tête humaine, ou d’un serpent24. D’Égypte serait venu un mystérieux embryon d’hippocentaure que Pline l’Ancien aurait pu observer, conservé dans du miel sous le règne de l’empereur Claude. À la même époque, un autre hippocentaure serait né et mort le même jour en Thessalie25. Si l’opinion populaire y croit peut-être, les biologistes et médecins antiques rejettent l’existence du mélange des espèces. Aristote, et à sa suite Lucrèce, démontrent l’invraisemblance de telles conceptions à cause des différents temps de gestation propres à chaque catégorie. Le veau à tête d’enfant, le mouton à tête de bœuf ne sont jamais ce que l’on en dit, ils n’en n’ont que la ressemblance »26. Les explications rationnelles attribuent la présence de traits hybrides à l’effet d’impressions maternelles pendant la grossesse. Pour Soranos IIe s. apr. la naissance de créatures simiesques vient de la vision d’un singe, et il conseille aux femmes d’arriver sobres au rapport sexuel », parce que les visions extravagantes que procure l’ivresse pourraient influencer la formation du fœtus27. 28 P. Derchain, Anthropologie. Égypte pharaonique », in Y. Bonnefoy dir., Dictionnaire des mythol ... 15En Égypte ancienne, aucun récit ne mentionne la naissance d’un animal issu d’une femme. Le fait que l’imagerie divine soit composite, mêlant les espèces, n’implique pas que les Égyptiens aient cru en l’existence d’êtres hybrides réels. Les formes mixtes constituent des signes picturaux ; elles révèlent que le divin peut s’incarner dans des formes animales aussi bien qu’humaines. À chaque animal correspond une des facettes des pouvoirs du dieu, mais son aspect véritable reste caché28. 29 Sur les compétences de Thot, voir par exemple D. Kurth, Thot », Lexikon der Ägyptologie, VI, Wie ... 30 L. Lortet, C. Gaillard, La faune momifiée de l’ancienne Égypte, IIe série, Archives du muséum d’hi ... 16Rien ne permet donc d’affirmer que la présence de l’anencéphale parmi les singes tient au fait que son apparence étrange fut interprétée comme le résultat de l’union d’une femme et d’un animal. Les soins exceptionnels qu’on lui a prodigués peuvent aussi résulter de l’aspect inachevé de l’enfant, privé de boîte crânienne, les vertèbres ouvertes. Sa momification ne pourrait-elle exprimer le souci de lui permettre de terminer sa gestation et de se régénérer dans l’au-delà ? Sa position accroupie et le port de l’amulette de singe le placent sous la protection de Thot, intimement lié au concept de croissance et de complétude. Divinité lunaire, Thot préside aux phases de l’astre dont il assure la régularité ; dans le mythe de l’œil solaire, il guérit Horus, l’enfant par excellence, et rend à son œil blessé sa perfection sous la forme symbolique de l’œil oudjat29. Ce rapport à la complétude pourrait aussi expliquer la coutume de placer des fœtus dans des sarcophages en forme de singe30. Associé à Maât, Thot assure l’équilibre de l’univers. À la Basse Époque, ses compétences de dieu guérisseur s’ajoutent à celles de patron des magiciens sous la forme d’Hermès Trismégiste. 31 S. Sauneron, J. Yoyotte, La naissance du monde selon l’Égypte ancienne », La naissance du monde ... 32 Cf. l’enfant à face de grenouille né en 1517 ; A. Paré, Des monstres et des prodiges, ch. IX, Ex ... 17L’anencéphale ne fut probablement ni assimilé à un singe, ni transformé en singe, mais marqué de la présence d’un dieu lunaire bénéfique, capable de le parfaire et de l’intégrer à l’ordre cosmique. D’autres références pourraient expliquer la présence de la momie dans la nécropole d’Hermopolis. L’apparence incomplète du nouveau-né, aux yeux globuleux et au crâne fuyant, évoque certains aspects de la cosmogonie hermopolitaine où des entités composent une assemblée de huit dieux primordiaux31. Cette Ogdoade, formée de quatre couples, personnifie les forces obscures du chaos précédant la création. À la Basse Époque, ces dieux sont représentés comme des êtres semi-anthropomorphes, les hommes avec une tête de grenouille, les femmes avec une tête de serpent. Associé à un batracien, symbole de renaissance et de résurrection, l’anencéphale était symboliquement intégré aux forces créatrices de l’univers. Les spéculations liant l’enfant à l’Ogdoade et à Thot ont aussi pu se combiner32. Momies de fœtus et de nouveau-nés 33 Je remercie C. Spieser de ces informations. Voir aussi E. Feucht, Der Weg ins Leben », in Dasen ... 34 J. Assman, Ägyptische Hymnen und Gebete, Fribourg/Göttingen, Universitätsverlag/Vandenhoeck & Rupr ... 35 Sur le rôle protecteur d’Atoum, Khnoum, Chou E. Feucht, op. cit., 2004, p. 42-43. Serket C. Sp ... 36 V. Dasen, Dwarfs in Ancient Egypt and Greece, Oxford, Clarendon Press, 1993, spéc. p. 52-53, 67-75 ... 18Le traitement exceptionnel de l’anencéphale doit être replacé dans le contexte plus large des soins réservés à l’enfant à naître et au nouveau-né en Égypte ancienne. De nombreuses divinités étaient invoquées pour assurer une grossesse et un accouchement réussis. Perçu comme un être vivant, le fœtus était l’objet de protections divines33. Dans l’hymne solaire d’Amarna, Aton doit ainsi apaiser les larmes d’un fœtus qui éprouve déjà des sentiments34. Ailleurs, Atoum promet à Isis de veiller sur l’enfant qu’elle porte, Serket, Celle qui fait respirer », protège la croissance de l’embryon, Khnoum s’occupe de le façonner sur son tour et d’ouvrir la matrice pour l’accouchement35. Les dieux nains Bès, seigneur de la matrice », et Ptah-Patèque, aux proportions fœtales, patronnent l’ensemble du processus de la procréation, de la grossesse à la naissance36. 37 Sur ces trouvailles, voir aussi J. Baines, P. Lacovara, Burial and the dead in ancient Egyptian ... 38 B. Bruyère, Rapport sur les fouilles de Deir el Médineh 1934-1935, II, La nécropole de l’est, Le ... 39 E. Feucht, op. cit., 2004, p. 128-130. Plus rarement, l’enfant se trouve avec le père, ou avec le ... 40 Louvre E 3708, N 3959 Basse époque ; Drilhon, op. cit., 1987, p. 503-506, fig. 4-6. 41 F. Filce Leek, The Human Remains from the Tomb of Tut’ankhamun, Oxford, Griffith Institute, 1972, ... 42 Louvre, Coll. Rousset Bey, E 5723 n° 1945 ; Coll. Clot Bey, n° 4205, 1940 ; Lortet/ Gaillard, op. ... 19Des fœtus ont reçu différents types de sépulture37. À Deir el-Medineh, la nécropole de l’est fut apparemment réservée aux enfants en bas âge. B. Bruyère y dénombre plusieurs fœtus et nouveau-nés simplement enveloppés d’un tissu et déposés dans une amphore ou un panier de vannerie38. Les enfants de l’élite étaient parfois embaumés. La plupart ont été retrouvés aux côtés de leur mère, probablement morte en couches39, d’autres ont été conservés séparément. Un fœtus humain de 3 à 4 mois fut ainsi placé dans un obélisque miniature en bois servant de pilier dorsal à une statue de Ptah-Sokar-Osiris ; ses membres étaient dépliés, allongés le long du corps comme pour l’humaniser40. Deux fœtus de 5 mois et demi et de 7 mois furent retrouvés dans des sarcophages anthropoïdes miniatures dans la tombe de Toutankhamon. L’un d’eux montrait au niveau de des os une déformation de Sprengel, peut-être associée à d’autres malformations létales41. D’autres spécimens étaient logés dans le dos de statues à l’image du dieu Bès, garant de leur survie dans l’au-delà42. 43 Lortet/ Gaillard, op. cit., 1907 et 1909. 44 G. E. Smith, The Royal Mummies, Le Caire, Institut français d’archéologie orientale, 1912 CGC, p ... 20Parfois la frontière entre l’homme et l’animal est ambiguë. Deux sarcophages ou statues en forme de babouin accroupi semblent avoir renfermé un fœtus d’enfant, à moins qu’il ne s’agisse de jeunes singes aux membres disposés comme ceux d’un être humain, allongés le long du corps ou repliés sur la poitrine43. À l’inverse, la petite momie déposée dans le sarcophage de la princesse Maâtkare-Moutemhet XXIe dynastie, ca 1020 av. fut longtemps prise pour celle de son nouveau-né jusqu’au jour où une radiographie permit de l’identifier comme une femelle babouin Hamadryas, probablement l’animal favori de la princesse44. Le traitement des nouveau-nés et des enfants anormaux 21L’attitude religieuse des Égyptiens envers les enfants présentant des malformations congénitales diffère profondément de celles d’autres peuples par sa capacité à corriger symboliquement une anomalie pour l’intégrer dans l’ordre du monde. Loin d’être l’expression d’une colère divine, synonyme d’une souillure qu’il faut éliminer, ces naissances sont perçues comme la manifestation d’une présence divine. 22Les préceptes des moralistes conseillent d’accepter avec résignation les imperfections corporelles. Au Nouvel-Empire, le sage Aménémopé préconise d’être charitable et de ne pas se moquer des infirmes Ne ris pas de l’aveugle ni ne te moque du nainNi ne réduis à rien la condition d’un te moque pas d’un homme qui est dans la main du dieu, 45 Trad. P. Vernus, Sagesses de l’Égypte pharaonique, Paris, Imprimerie nationale, 2001, p. 324. Ni ne lui sois hostile jusqu’à l’ est argile et paille,Le dieu est son démolit et re bâtit quotidiennement. » XXIV, 8-1645 46 Dasen, op. cit., 1993, p. 50, fig. 47 M. de Rochemonteix, S. Cauville, D. Devauchelle, Le temple d’Edfou, I, Le Caire, Institut français ... 23Parmi les anomalies congénitales, le nanisme semble avoir bénéficié d’une sympathie particulière. Dès l’Ancien Empire, les nains furent associés au symbolisme solaire grâce à différents jeux de correspondances qu’illustre un papyrus mythologique du Nouvel Empire46. Dans le disque solaire se tient le bélier, qui incarne le soleil à son coucher, et un nain qui remplace l’image attendue du scarabée sacré Khépri, symbole du soleil levant comme l’indique l’homophonie des mots kheprer, scarabée, et kheper, venir à l’existence. Au jeu de mots s’ajoute un jeu d’images. Avec ses membres incurvés et son long torse, le nain présente la même silhouette que le scarabée, avec un gros abdomen et de petites pattes courbes. Inachevé, le nain va donc incarner dans la pensée religieuse égyptienne la notion de croissance, de régénération et de jeunesse éternelle. Un hymne du temple ptolémaïque d’Edfou décrit l’enfant Horus comme un nain Un lotus surgit dans lequel se trouvait un bel enfant qui illuminait la terre de ses rayons.... un bourgeon dans lequel se trouvait un nain »47. Cette identification s’explique par l’apparence ambiguë du nain, à la fois enfant et adulte, comme un jeune dieu à peine né mais déjà sage et savant. 24Deux petits dieux familiers témoignent de la valorisation du nain dans la religion et la magie égyptiennes. Le plus populaire est Bès, un nain trapu aux membres torses, avec une grosse tête à la langue pendante, auxquels s’ajoutent les oreilles, la queue et même la crinière d’un lion. Son image apparaît dès le Moyen Empire vers 2040 av. jusqu’à l’époque romaine sur une grande variété de supports, notamment des amulettes et des intailles magiques. C’est l’un des principaux génies protecteurs de la famille ; avec la déesse Hathor et la déesse hippopotame Taouret, il écarte les influences malignes des femmes enceintes et préside aux accouchements. Un autre dieu nain, nommé conventionnellement Ptah-Patèque, apparaît sous la forme d’amulettes dès le Nouvel-Empire vers 1550 av. Comme Bès, ce petit dieu protège les enfants de tout mal, en particulier des morsures et piqûres d’animaux dangereux. Sur certaines figurines, l’absence de pilosité et l’hypotrophie des traits faciaux évoquent l’image d’un fœtus, peut-être pour signaler que la protection du dieu s’étendait à la femme enceinte et à l’embryon. 25Dans la vie quotidienne, des nains apparaissent dès l’époque prédynastique dans l’entourage des grands dignitaires de la cour. Ils semblent avoir assumé des tâches bien définies, comme l’entretien des habits, des objets de toilette et la fabrication de bijoux. Ils sont parfois accompagnés par d’autres personnes avec des anomalies physiques. Dans la tombe de Baqt I à Beni Hassan Moyen Empire, XIe-XIIe dyn., 2040-1783 av. la suite du défunt est composée d’un nain, d’un bossu et d’un boiteux qui portent chacun le nom de leur malformation inscrit au-dessus de leur tête nmw, jw, dnb. Les nains ont aussi la garde des animaux favoris, généralement des singes cercopithèques et des chiens. Certains nains ont même occupé des fonctions importantes. L’exemple le plus célèbre est celui de Seneb qui reçut le privilège d’être enterré dans la nécropole royale de Gizeh Ve dyn., vers 2475 av. 48 Par ex. la momie d’enfant atteint d’osteogenesis imperfecta Nouvel empire ; H. K. Gray, Mummies ... 49 Histoire naturelle, 26D’autres documents confirment que les enfants présentant des anomalies physiques à la naissance avaient des chances de survivre et d’être élevés48. Adultes, ils n’étaient pas exclus de la vie sociale et religieuse à cause de leur handicap. C’est d’ailleurs en Égypte que l’on jugea bon, selon Pline l’Ancien, d’élever un monstre portentum c’était un humain qui avait les deux yeux aussi derrière la tête, mais qui ne voyaient pas »49. 27L’intégration réussie des nains et d’autres infirmes dans la société égyptienne explique le soin particulier que reçut l’anencéphale d’Hermopolis. Contrairement à la Mésopotamie voisine ou aux sociétés italique et romaine, la naissance d’un enfant difforme n’y représentait pas un signe inquiétant pour les parents ou l’ensemble de la communauté. Ni bête, ni hybride, ni monstre, l’anencéphale fut accueilli comme un être hors du commun, inachevé, à l’image des créatures divines des temps primordiaux, qu’il fallait remettre à la protection du dieu Thot pour assurer sa finition. 50 I. E. S. Edwards, Hieratic Papyri in the British Museum, Fourth Series, Oracular Amuletic Decrees ... 28Le sort de cet enfant ne permet toutefois pas d’affirmer que toutes les imperfections corporelles étaient bien accueillies. Quelques documents laissent entrevoir une réalité plus complexe. Ainsi, un texte magique du VIIIe s. av. XXIIe ou XXIIIe dyn. énumère les motifs d’anxiété d’une femme enceinte. Il figure sur un petit papyrus que la future mère portait autour du cou, glissé dans un étui, en guise de talisman50. Le texte invoque protection contre toutes sortes d’influences néfastes. Trois malheurs notamment concernent le nouveau-né Nous la protégerons d’une naissance d’Horus une naissance prématurée ?, d’une fausse-couche, et de la naissance de jumeaux ». Le terme d3jt traduit par fausse-couche » pourrait aussi désigner une irrégularité », c’est-à-dire une malformation de l’enfant. Les naissances gémellaires sont une autre cause de souci, probablement parce qu’elles représentaient des naissances à risque, susceptibles de coûter la vie à la mère et aux enfants. 29Des absences laissent supposer que les nouveau-nés présentant des anomalies majeures étaient discrètement supprimés à la naissance, même si cette pratique était officiellement désapprouvée. On ne possède ainsi pas de description ni de représentation égyptiennes d’êtres humains atteints de graves malformations, privés d’un ou plusieurs membres, avec des parties surnuméraires ou joints ensemble, comme les jumeaux siamois, qui témoigneraient de leur survie et de leur intégration. La mythologie égyptienne compte pourtant de nombreux monstres, mais ce sont toujours des êtres composites, formés de parties animales et humaines, sans rapport avec un état pathologique réel. Le regard d’É. Geoffroy Saint-Hilaire 51 T. Appel, The Cuvier-Geoffroy Debate French Biology in the Decade before Darwin, Oxford, Oxford ... 30É. Geoffroy Saint-Hilaire chercha bien sûr à deviner ce que cette momie monstrueuse avait pu signifier aux yeux des Égyptiens qui l’avaient faite, mais il était avant tout un anatomiste. Bien qu’il soit passé à la postérité d’abord pour ses aphorismes et ses brillantes recherches dans le domaine de la zoologie, il était aussi le fondateur de la tératologie moderne, c’est-à-dire, littéralement, de la science des monstres51. En particulier, c’est en 1822 qu’il publia le second volume de sa Philosophie Anatomique. Or, c’est dans cet ouvrage qu’il entreprit de classer systématiquement les difformités congénitales, de rechercher par l’expérimentation leurs causes, et qu’il mit en relation la question des difformités avec celle de la formation embryonnaire du corps humain normal ». Quatre ans plus tard, la momie monstrueuse lui fournit l’occasion de se pencher à nouveau sur cette question. 31Pour É. Geoffroy Saint-Hilaire, SMB Inv. Nr. 724 représenta une sorte de triomphe taxonomique. Dans sa Philosophie Anatomique, il avait commencé à classer les nouveau-nés monstrueux de la même manière que les taxonomistes classaient les animaux. Il créa ainsi plusieurs petites familles » ou genres », à la manière linnéenne. Un de ces groupes reunissait les cas du type Anencéphale, qu’il décrivait ainsi Anencéphale Tête sans cerveauPoint de cerveau ni de moelle épinière ; la face et tous les organes des sens dans l’état normal ; la boîte cérébrale ouverte vers la ligne médiane, est composée de deux moitiés renversées et écartées de chaque côté en ailes de pigeon. 52 É. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1822 ; 1825 ; I. Geoffroy Saint-Hilaire, 1836 p. 61-68. 53 Voir bibliographie dans I. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1836 ; p. 61-68 ; I. Geoffroy Saint-H ... 54 É. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1825, p. 68. 32Cette description se basait sur plusieurs cas observés à Paris par Geoffroy. Il n’était d’ailleurs pas le seul, notait-il, à avoir observé et répertorié cette difformité particulière52 – mais il était en revanche le premier à lui donner une place précise dans une taxonomie qui considérait les nouveau-nés privés de tête comme un tout cohérent fig. 5. Dans des publications ultérieures sur l’anencéphalie53, Geoffroy poussa plus loin la logique linnéenne et décrivit 9 espèces » d’anencéphales comme par exemple A. ichthyoïdes, A. perforatus et A. mumia – la momie montrueuse54 Anenchephalus-MumiaCaract. spéc. Tête renversée en arrière ; bouche béante ; les sur-occipitaux fort écartés et maintenus à la hauteur de l’articulation scapulo-humérale ; les corps vertébraux autant hauts que larges. 55 I. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1836, p. 63. 33Les distinctions entre les espèces » monstrueuses de Geoffroy reposaient sur des différences minimes quant au degré de difformité ; elles furent par conséquent peu utilisées. Mais le principe linnéen est resté d’actualité dans les ouvrages récents de tératologie qui sont parfois organisés selon les axes de la taxonomie plus fine d’Isidore, le fils d’Étienne Geoffroy Saint-Hilaire. C’est lui, en effet, dans son Histoire Générale et Particulière des Anomalies, qui plaça le genre anencéphale » dans la famille des Anencéphaliens », ordre des Monstres Autosites », classe des Monstres Unitaires » et enfin, embranchement des Anomalies Complexes »55. 34Ces projets taxonomiques imposaient un ordre, si arbitraire soit-il, sur une partie de la Nature qui en avait manqué jusque-là, – une partie, qui plus est, dans laquelle le désordre régnait en maître. Pour Geoffroy père, découvrir que son système fonctionnait sur un nouveau-né de 2000 ans était la preuve même de sa validité universelle. 5 - Nouveau-nés anencéphales. D’après É. Geoffroy Saint-Hilaire, Philosophie anatomique, Paris, Deville-Cavellin, 1822, pl. IV première description du genus Anencéphale ». 1 et 2 vues latérale et dorsale de l’enfant ; 3 "Notencéphale" ; 4-8 parties du squelette 56 I. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1822, p. 523-529. 35Mais Geoffroy ne voulait pas seulement classer les difformités, il voulait en expliquer la genèse. Dans la Philosophie Anatomique, il suggère qu’une forme particulière d’anencéphalie a pu être causée par un retardement de développement », imputable à des lésions subies au premier stade de la vie embryonnaire, et causées par le surmenage de la mère pendant sa grossesse56. Assez curieusement, Geoffroy ne fait aucun commentaire sur les causes de l’anencéphalie de la momie ; il semble juste considérer comme admis que ce sont des causes identiques aux causes actuelles qui ont pu jouer deux ou trois mille ans auparavant ». 36Geoffroy saisit en tout cas l’occasion fournie par SMB Inv. Nr. 724 pour réaffirmer quelques-unes de ses pensées favorites concernant les mécanismes de l’ontogenèse humaine. Il commence par le faire dans un exposé à l’Académie des sciences 57 É. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1825. On s’est plus occupé des Anencéphalies que des autres cas de monstruosités l’absence de tout le système médullaire cérébro-spinal a paru, en effet, une singularité du plus haut intérêt d’abord pendant le règne du cartésianisme, comme fournissant un fait contraire à l’hypothèse que des esprits animaux s’engendraient dans le cerveau, et tout récemment, depuis qu’a paru la loi du développement excentrique des organes, loi reconnue et posée par le docteur Serres, cette absence étant opposée aux opinions reçues, que les nerfs naissent des parties médullaires contenues dans les étuis crânien et vertébral. »57 58 Descartes, La description du corps humain ; De la formation de l’animal », 1648, in C. Adam, P. ... 59 I. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1822. 37La première affirmation renvoie à l’idée de Descartes selon laquelle les esprits animaux » – un fluide mystérieux issu du sang – naissaient dans le cerveau et se répandaient par les nerfs jusqu’aux extrémités, pour y provoquer le mouvement et en assurer le développement58. Les anencéphales infirmaient cette doctrine, puisque, quoique dépourvus de cerveau, ils étaient par ailleurs complètement constitués59. 60 É. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1822, p. 88-89. 61 É. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1822, p. 88. 38La deuxième déclaration, concernant la loi du développement excentrique », nous amène au cœur même de la Philosophie anatomique de Geoffroy. Il s’agissait d’une série de lois permettant selon lui d’expliquer la diversité anatomique offerte par le monde animal et son origine dans l’œuf ou la matrice60. Ces lois pouvaient expliquer les formes prises par les individus monstrueux, et les individus monstrueux pouvaient, en retour, servir à confirmer leur validité. Pour Geoffroy, ses lois constituaient un véritable instrument de découvertes »61 – à l’instar de son disciple Étienne Serres, qui avait baptisé ce système l’anatomie transcendante ». 62 É. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1822 ; 1825 ; 1826. 63 De Beer, op. cit., 1937, p. 7-15. 64 É. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1822 ; 1825, 373-375. 65 É. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1825, p. 371-372. 66 É. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1825, p. 388. 39Dans une série d’articles62, Geoffroy montre comment les nouveaux nés anencéphales et plus particulièrement SMB Inv. Nr. 724, confirment ou infirment un certain nombre de théories concernant le développement et l’identité des organes. Selon une de ces théories, avancée à la fois par Goethe, Oken, Geoffroy et d’autres, le crâne est composé d’une série de vertèbres modifiées63. Les anencéphales, avance-t-il, permettent de voir les morceaux du crâne comme des os séparés, là où ils seraient normalement fusionnés – révélant ainsi leur vraie nature64. La spina bifida des anencéphales fournit ainsi à Geoffroy l’occasion d’élaborer une autre théorie selon laquelle la plupart des organes se développent d’abord comme des primordia distincts éléments primitifs, qui fusionnent ensuite sous l’effet d’une force attractive inhérente, un processus en l’espèce interrompu, laissant la colonne vertébrale divisée en deux65. Cette idée allait devenir sa loi d’affinité de soi pour soi », une sorte de loi universelle de l’attraction expliquant non seulement les formes de développement organiques mais bien d’autres encore, et qui devait sans doute beaucoup à la notion d’ affinités électives » de Goethe. Le dédoublement de la colonne vertébrale autorise également Geoffroy à faire allusion au passage à l’une des ses idées favorites, à savoir que les squelettes des vertébrés peuvent être rapprochés des exosquelettes des crustacés et des insectes fig. 1. Dans la légende d’une figure décrivant A. perforatus, il note que sa spina bifida provient d’une séparation des éléments vertébraux comme dans le cas des Crustacés et des Insectes »66. 67 E. Serres, Recherches d’anatomie transcendante et pathologique. Théorie des formations et des défo ... 68 É. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1825, p. 381-386. 40Rien de tout cela ne pouvait être déduit de SMB Inv. Nr. 724, dont le squelette ne pouvait être atteint sans dommage. Aussi peu claire est sa démonstration de la loi du développement excentrique » qui proclamait de façon générale que les organes trouvaient leur origine dans divers primordia qui se développaient ensuite vers l’intérieur avant de fusionner67, et en particulier que les nerfs spinaux se développaient des extrémités vers le cordon médullaire plutôt que l’inverse. De façon plus convaincante, Geoffroy se sert de SMB Inv. Nr. 724 pour critiquer l’idée courante d’alors selon laquelle les organes génitaux masculins représentent une sorte d’extension des organes génitaux féminins. Si tel était le cas, raisonne-t-il, et compte tenu du fait que l’anencéphalie résulte d’un arrêt du développement global, on devrait n’en trouver que des nouveau-nés féminins68. Or, SMB Inv. Nr. 724 est un mâle. Il est donc plus vraisemblable d’imaginer que les organes génitaux féminins et masculins ont un développement indépendant – ce qui correspond peu ou prou à nos conceptions actuelles. De l’utilité du monstre aujourd’hui 69 L. D. Botto et al., Neural tube defects », New England Journal of Medicine, 341, 1999, p. 1509-1 ... 41Dans les travaux modernes de tératologie, l’anencéphalie est généralement regroupée avec la Spina Bifida sous un syndrome unique ASB », dans la mesure où les caractéristiques de ces difformités se confondent. C’est une des tares congénitales les plus communes, affectant 1 naissance pour 1 000 aux États Unis, mais l’incidence de cette difformité varie du simple au quintuple selon la géographie, la race et le niveau socio-économique69. 70 J. Coppa, Greene, J. N. Murdoch, The genetic basis of mammalian neurulation », Nature Gen ... 71 M. Lucock, Folic Acid nutritional biochemistry, molecular biology and role in disease processe ... 42L’opinion de Geoffroy selon laquelle l’anencéphalie serait due à un retard de développement causé par le travail de la mère aux premiers mois de la grossesse n’est plus soutenable aujourd’hui. Mais les causes de l’ASB ainsi que les variations de sa fréquence dans la population restent obscures. On connaît de rares mutations entraînant des cas d’ASB, soit chez l’homme, soit chez la souris, mais elles ne sont pas la cause de la plupart d’entre eux70. Ce trouble semble au contraire résulter de l’interaction de plusieurs facteurs de risques environnementaux et génétiques mal définis. Un de ces facteurs est la carence en folate ou en vitamine B. Personne ne sait comment cette carence entraîne l’échec de la soudure du canal neural, mais il est clair que l’administration d’acide folique pendant la grossesse permet de prévenir efficacement l’ASB71. 72 A. M. Leroi, Mutants On the Form, Variety and Errors of the Human Body, London, Harper Collins, ... 43Comme le pressentait Geoffroy, l’ASB trouve son origine dans les débuts de l’embryogenèse. Dix-neuf jours environ après la conception, une zone de tissu nerveux se forme le long du dos de l’embryon. Affectant la forme d’une feuille de tulipe, cette zone tissulaire est d’abord plate. Plus tard, toutefois, elle se replie longitudinalement pour former un canal. Les bords de ce canal se collent ensuite au sommet pour former un tube creux qui court tout le long de l’embryon les futurs cordon médullaire et cerveau72. Le scellement, ou fermeture », du canal neural semble être une opération délicate, qui peut fréquemment échouer. Le résultat est alors un canal neural ouvert, une colonne vertébrale ouverte ou même un cerveau et une voûte crânienne béants. 73 G. R. De Beer, The Development of the Vertebrate Skull, Oxford, Clarendon, 1937. 74 T. Appel, The Cuvier-Geoffroy Debate French Biology in the Decade before Darwin, Oxford, Oxford ... 75 B. I. Balinsky, An Introduction to Embryology, Philadelphia, W. B. Saunders, 1965 2e éd., p. 351 ... 44Bien peu de théories spécifiques de l’anatomie transcendantale ont passé l’épreuve du temps. La théorie vertébrale du crâne a été anéantie par Thomas Henry Huxley en 185873 ; l’idée de Geoffroy selon laquelle les squelettes des vertébrés et des crustacés étaient homologues lui est restée personnelle74 ; de même, les nerfs spinaux ne prennent pas naissance dans la moelle, mais dans une série de ganglions spinaux en direction des extrémités qu’ils innervent75. 76 T. Lufkin et al., Homeotic transformation of the occipital bones of the skull by ectopic express ... 77 B. I. Balinsky, op. cit., p. 351-352. 45Ceci dit, à la décharge de Geoffroy, beaucoup de ses théories ont au moins un fond de vérité. Bien que l’ensemble du crâne ne soit pas constitué de vertèbres modifiées, la perturbation d’un gène HOX chez les souris montre que l’os occipital celui qui intéressait particulièrement Geoffroy chez ses nouveau-nés monstrueux peut se transformer en vertèbres76 ; la spina bifida résulte en effet d’un défaut d’attraction », ou si l’on préfère la terminologie actuelle, d’adhésion cellulaire ; alors que les nerfs peuvent trouver leur origine dans le ganglion spinal, les ganglions spinaux ne proviennent pas directement de la moelle épinière, mais plutôt de cellules de crêtes neuronales ayant subi une migration élaborée à partir d’autres localisations77. 46Voilà qui concorde grosso modo avec la loi du développement excentrique », du moins dans la mesure où elle conçoit la formation du corps comme résultant de migrations et de fusions cellulaires et tissulaires diverses. 78 A. Leroi, op. cit., 2004. 47En outre, alors que les théories de l’anatomie transcendantale dérivent invariablement vers des généralités – certes pourvues d’un peu de vérité mais incapables de restituer les subtilités du développement organique, l’attitude de Geoffroy frappe par sa modernité. Ainsi en est-il de sa quête d’une preuve des lois » de la fabrication du corps dans les nouveau-nés monstrueux les généticiens modernes cherchent eux aussi dans les difformités la logique moléculaire des programmes du développement mais en se servant de mutants produits à partir d’animaux de laboratoire comme les vers, les mouches et les souris. Alors qu’on découvre un nombre sans cesse croissant de mutations humaines responsables de difformités congénitales, il devient toutefois évident que celles-ci peuvent être utilisées pour déconstruire et comprendre la formation du corps78. 79 OMIM. Sept. 2004. Online Mendelian Inheritance in ... 48Au moment où nous écrivons le 10 septembre 2004, on a ainsi identifié les mutations responsables de la perturbation de 1 622 gènes causant des difformités congénitales79. Quand les gènes responsables de l’anencéphalie seront identifiés – et ils le seront à coup sûr, ils lèveront un peu le voile sur le programme génétique qui élabore la structure la plus complexe du corps humain, le cerveau. Conclusion 80 É. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1826, p. 233. 81 Nous remercions Dr. Hannelore Kischkewitz de l’Ägyptisches Museum und Papyrussammlung à Berlin pou ... 49De l’ancienne Égypte à l’époque contemporaine, le destin étrange de l’anencéphale fut de révéler les lois cachées du monde. Loin de l’interpréter comme une rupture effrayante de l’ordre cosmique, les Égyptiens le classèrent parmi les êtres en formation et le marquèrent de l’empreinte du dieu Thot, capable de le régénérer. Tenu de naître et de mourir au même moment »80, son existence éphémère épargna à ses semblables toute exhibition. Pour les tératologues et biologistes du XIXe siècle et d’aujourd’hui, l’anencéphale démontre la qualité du monstre » comme instrument de découvertes », dont les écarts permettent de saisir la structure du vivant81. Notes 1 À côté de l’ibis, plus de trente espèces d’oiseaux ont ainsi été identifiées par J. Boessneck et A. von den Driesch in J. Boessneck éd., Tuna el-Gebel I, Die Tiergalerien, Hildesheim, Gerstenberg, 1987, p. 56-202. 2 J. Passalacqua, Catalogue raisonné et historique des antiquités découvertes en Égypte, Paris, Galeries d’antiquités égyptiennes, 1826, p. 148-149. 3 J. Passalacqua, op. cit., 1826, p. 230 ; D. Kessler, Forschungsstand bis 1983 », in J. Boessneck, op. cit., 1987, p. 6 ; D. Kessler, Die Galerie C von Tuna el-Gebel », Mitteilungen des Deutschen Archäologischen Instituts, Abteilung Kairo, 39, 1983, p. 107-124. 4 D. Kessler, A. El Halim Nurredin, Der Tierfriedhof von Tuna el-Gebel, Stand der Grabungen bis 1993 », Antike Welt, 25, 1994, p. 252-266. 5 D. Kessler, Die heiligen Tiere und der König, I, Beiträge zu Organisation, Kult und Theologie der spätzeitlichen Tierfriedhöfe, Wiesbaden, Harrassowitz, 1989, spéc., p. 194-219 ; id. Tierkult », Lexikon der Ägyptologie, VI, Wiesbaden, Harrassowitz, 1986, col. 571-587 ; id. Tuna el Gebel », ibid., col. 797-804. 6 D. Kessler, op. cit., 1987, p. 12 ; D. Kessler, A. El Halim Nurredin, op. cit., p. 262, fig. 14. 7 É. Geoffroy Saint-Hilaire in J. Passalacqua, op. cit., 1826, p. 230. 8 I. Geoffroy Saint-Hilaire, Histoire générale et particulière des anomalies de l’organisation chez l’homme et les animaux, Paris, Baillière, 1832-1836. 9 Histoire des Monstres, Paris, Reinwald, 1880 ; rééd. Grenoble, Jérôme Millon, 2002, p. 29-30. 10 Monstres. Histoire du corps et de ses défauts, Paris, Syros, 1991, p. 26-28. 11 É. Geoffroy Saint-Hilaire, Description d’un monstre humain né avant l’ère chrétienne et considérations sur le caractère des monstres dits Anencéphales », Annales des Sciences Naturelles, 6, 1825, p. 357-388, pl. 18. ; id. Communication faite à l’Académie royale des Sciences », in J. Passalacqua, op. cit., 1826, p. 231-233. 12 W. R. Dawson, E. P. Uphill, M. L. Bierbrier, Who was who in Egyptology, London, Egypt Exploration Society, 1995 3e éd., p. 321. 13 A. Erman, Ausführliches Verzeichnis der Ägyptischen Altertümer und Gipsabgüsse, Berlin, W. Spemann, 1899, p. 314. Trad. Momie d’un fœtus mal formé qui était enterré dans une tombe de singe à Schmun, avec dans ses bandelettes la figurine en faïence d’un singe accroupi. On a donc supposé que la femme concernée avait accouché d’un singe ». 14 Communication du Dr. H. Kischkewitz. 15 Lettre du 16 Trad. Constat radiologique de l’anencéphale objet 724. Âge de développement environ 7 mois. En raison de la position assise forcée l’a. est difficile à interpréter du point de vue radiologique. On remarque que la mâchoire inférieure 1 manque, d’où l’aspect de tête d’oiseau de la partie supérieure de la face. Cavités orbitales anormalement grandes 2. Selon la radiographie, la mâchoire inférieure a pu éventuellement être rabattue vers le bas pour reposer sur la paroi ventrale du thorax 3. Il n’est cependant pas exclu que la mâchoire inférieure ait manqué. À la place de la calotte crânienne inachevée on trouve des déformations osseuses 4. Les vertèbres cervicales sont recourbées en forme de crosse 5. Les os tendres du spécimen ont probablement été fortement fracturés lors de la momification et au cours de la mise en position assise ; c’est ainsi que l’on observe nettement une fracture de l’os du fémur 6. En outre les os du tibia ont été séparés du squelette du pied 7 avec brutalité et partiellement fracturés. Les os des extrémités supérieures ont été également fortement disloqués lors du bandelettage. Les os paraissent très épais par rapport à la taille de l’a. La colonne vertébrale présente la spina bifida typique 8 ». 17 Gorlin, M. M. Cohen, R. C. M. Hennekam, Syndromes of the Head and Neck, Oxford, Oxford University Press, 2001 4e éd.. 18 Cf. R. J. Oostra, B. Baljet, R. C. M. Hennekam, Congenital anomalies in the teratological collection of the Museum Vrolik in Amsterdam, The Netherlands. IV Closure Defects of the Neural Tube », American Journal of Medical Genetics, 80, 1998, p. 60-73. 19 Voir F. Drilhon, Un fœtus humain dans un obélisque égyptien en bois », Archéologie et médecine. VIIe rencontres internationales d’archéologie et d’histoire, Antibes, Octobre 1986, Juan-les-Pins, APDCA, 1987, p. 499-521. 20 Cf. C. Andrews, Amulets of Ancient Egypt, London, British Museum Press, 1994, spéc. p. 39-40 Bès, p. 49, p. 66-67 singe. 21 J. Passalacqua, op. cit., 1826, p. 232-233. 22 Man nahm wohl an, die betreffende Frau habe einen Affen geboren », op. cit. 23 E. Martin, op. cit., 2002, p. 30. 24 Par ex. Pline, Histoire naturelle, ; Tite-Live, ; ; Valère Maxime Sur le topos littéraire du serpent, voir A. Allély, Les enfants mal formés et considérés comme prodigia à Rome et en Italie sous la République », Revue des Études Anciennes, 105 1, 2003, p. 144. 25 Pline, Histoire naturelle, 26 Génération des Animaux, ; Lucrèce, De la nature, 27 Soranos, Des maladies des femmes, ; D. Gourevitch, Se mettre à trois pour faire un bel enfant, ou l’imprégnation par le regard », L’évolution psychiatrique, 52 2, 1987, p. 559-563. Sur l’inscription de cette croyance dans la longue durée, P. Darmon, Le mythe de la procréation à l’âge baroque, Paris, Seuil, 1981, p. 158-178. 28 P. Derchain, Anthropologie. Égypte pharaonique », in Y. Bonnefoy dir., Dictionnaire des mythologies, Paris, Flammarion, 1981, p. 87-95 ; D. Meeks, Zoomorphie et image des dieux dans l’Égypte ancienne », in C. Malamoud, Vernant dir., Le corps des dieux, Le temps de la réflexion VIII, Paris, Gallimard, 1986, p. 171-191 ; E. Hornung, Les dieux de l’Égypte. Le un et le multiple, Paris, 1986. Hérodote ne s’y trompe pas en affirmant que les Égyptiens ne croient pas que le dieu de Mendès Pan/Khnoum a une tête de bouc, même s’ils le figurent ainsi. 29 Sur les compétences de Thot, voir par exemple D. Kurth, Thot », Lexikon der Ägyptologie, VI, Wiesbaden, Harrassowitz, 1986, col. 498-523, spéc. 505-509, sur ses rapports au cycle lunaire, à la médecine et à la magie. 30 L. Lortet, C. Gaillard, La faune momifiée de l’ancienne Égypte, IIe série, Archives du muséum d’histoire naturelle de Lyon, IX, Lyon, H. Georg, 1907, p. 32-38 momies de singes ? ; id., X, 1909, p. 188-189 nouvelle interprétation momies de fœtus humain ?. 31 S. Sauneron, J. Yoyotte, La naissance du monde selon l’Égypte ancienne », La naissance du monde Sources Orientales I, Paris, Seuil, 1959, p. 52-67. 32 Cf. l’enfant à face de grenouille né en 1517 ; A. Paré, Des monstres et des prodiges, ch. IX, Exemple des monstres qui se font par imagination », Genève, Droz, 1971, fig. 28 le jour la conception, la mère a tenu une grenouille dans la main pour guérir une fièvre. 33 Je remercie C. Spieser de ces informations. Voir aussi E. Feucht, Der Weg ins Leben », in Dasen V. éd., Naissance et petite enfance dans l’Antiquité, Actes du colloque de Fribourg, 28 novembre-1er décembre 2001, Fribourg/Göttingen, Academic Press/Vandenhoeck Ruprecht, 2004, p. 33-54 ; C. Spieser, Femmes et divinités enceintes dans l’Égypte du Nouvel Empire », ibid., p. 55-70. 34 J. Assman, Ägyptische Hymnen und Gebete, Fribourg/Göttingen, Universitätsverlag/Vandenhoeck & Ruprecht, 1999, p. 219, n° 92, 1. 62. 35 Sur le rôle protecteur d’Atoum, Khnoum, Chou E. Feucht, op. cit., 2004, p. 42-43. Serket C. Spieser, Serket, protectrice des enfants à naître et des défunts à renaître », Revue d’Égyptologie, 52, 2001, p. 251-264. De manière plus générale, C. Spieser, Les dieux et la naissance dans l’Égypte ancienne, in Dasen V. éd., Regards croisés sur la naissance et la petite enfance. Actes du cycle de conférences Naître en 2001 », Fribourg, Éditions universitaires, 2002, p. 285-296. 36 V. Dasen, Dwarfs in Ancient Egypt and Greece, Oxford, Clarendon Press, 1993, spéc. p. 52-53, 67-75, 84-98 ; ead., Der Gott Bes und die Zwergin. Eine Figur zum Schutz der Mutterschaft », in S. Bickel éd., In Ägyptischer Gesellschaft. Aegyptiaca der Sammlungen Bibel + Orient der Universität Freiburg, Freiburg, Academic Press, 2004, p. 64-69. 37 Sur ces trouvailles, voir aussi J. Baines, P. Lacovara, Burial and the dead in ancient Egyptian society. Respect, formalism, respect », Journal of Social archaeology, 2 1, 2002, p. 5-36, spéc. 14. 38 B. Bruyère, Rapport sur les fouilles de Deir el Médineh 1934-1935, II, La nécropole de l’est, Le Caire, Institut français d’archéologie orientale, 1937 FIFAO 15, p. 11-15. Voir aussi E. Feucht, op. cit., 2004, p. 128, n. 632. 39 E. Feucht, op. cit., 2004, p. 128-130. Plus rarement, l’enfant se trouve avec le père, ou avec le couple ; ibid., p. 130. 40 Louvre E 3708, N 3959 Basse époque ; Drilhon, op. cit., 1987, p. 503-506, fig. 4-6. 41 F. Filce Leek, The Human Remains from the Tomb of Tut’ankhamun, Oxford, Griffith Institute, 1972, p. 21-23 ; Drilhon, op. cit., 1987, p. 512-514. 42 Louvre, Coll. Rousset Bey, E 5723 n° 1945 ; Coll. Clot Bey, n° 4205, 1940 ; Lortet/ Gaillard, op. cit., IX, p. 201-205. 43 Lortet/ Gaillard, op. cit., 1907 et 1909. 44 G. E. Smith, The Royal Mummies, Le Caire, Institut français d’archéologie orientale, 1912 CGC, p. 98-101 n° 61088-61089 ; R. B. Partridge, Faces of Pharaohs. Royal Mummies and Coffins from Ancient Thebes, London, The Rubicon Press, 1994, p. 195-197, fig. 174 ; F. Dunand, R. Lichtenberg, Les momies et la mort en Égypte, Paris, Errance, 1998, p. 145 et 242. 45 Trad. P. Vernus, Sagesses de l’Égypte pharaonique, Paris, Imprimerie nationale, 2001, p. 324. 46 Dasen, op. cit., 1993, p. 50, fig. 47 M. de Rochemonteix, S. Cauville, D. Devauchelle, Le temple d’Edfou, I, Le Caire, Institut français d’archéologie orientale, 1984 2e éd., p. 289, pl. XXIXb. 48 Par ex. la momie d’enfant atteint d’osteogenesis imperfecta Nouvel empire ; H. K. Gray, Mummies and Human Remains. Catalogue of Egyptian Antiquities in the British Museum, I, London, 1968, p. 13-13, n° 24 ; Dasen, op. cit., 1993, p. 19-20, 323, cat. S 18. Voir aussi à Deir el-Medineh le sarcophage du petit Itiky présentant des anomalies du squelette une forme de nanisme ? ; Bruyère, op. cit., 1937, p. 14. 49 Histoire naturelle, 50 I. E. S. Edwards, Hieratic Papyri in the British Museum, Fourth Series, Oracular Amuletic Decrees of the Late New Kingdom, London, British Museum, 1960, p. 65-67 ; Dasen, op. cit., 1993, p. 99. 51 T. Appel, The Cuvier-Geoffroy Debate French Biology in the Decade before Darwin, Oxford, Oxford University Press, 1987 ; H. Le Guyader, Geoffroy Saint-Hilaire un naturaliste visionnaire, Paris, Belin, 1998. 52 É. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1822 ; 1825 ; I. Geoffroy Saint-Hilaire, 1836 p. 61-68. 53 Voir bibliographie dans I. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1836 ; p. 61-68 ; I. Geoffroy Saint-Hilaire, Vie, travaux et doctrine scientifique d’É. Geoffroy Saint-Hilaire, Paris, Strasbourg, P. Bertrand-Levrault, 1847, p. 459-464. 54 É. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1825, p. 68. 55 I. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1836, p. 63. 56 I. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1822, p. 523-529. 57 É. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1825. 58 Descartes, La description du corps humain ; De la formation de l’animal », 1648, in C. Adam, P. Tannerry éd., Œuvres de Descartes, Paris, Vrin, 1974. 59 I. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1822. 60 É. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1822, p. 88-89. 61 É. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1822, p. 88. 62 É. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1822 ; 1825 ; 1826. 63 De Beer, op. cit., 1937, p. 7-15. 64 É. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1822 ; 1825, 373-375. 65 É. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1825, p. 371-372. 66 É. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1825, p. 388. 67 E. Serres, Recherches d’anatomie transcendante et pathologique. Théorie des formations et des déformations organiques, appliquée à l’anatomie de Christina, et de la duplicité monstrueuse, Paris, Firmin Didot, 1832, p. 4. 68 É. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1825, p. 381-386. 69 L. D. Botto et al., Neural tube defects », New England Journal of Medicine, 341, 1999, p. 1509-1519. 70 J. Coppa, Greene, J. N. Murdoch, The genetic basis of mammalian neurulation », Nature Genetics Reviews, 4, 2003, p. 784-793. 71 M. Lucock, Folic Acid nutritional biochemistry, molecular biology and role in disease processes », Molecular Genetics and Metabolism, 71, 2000, p. 121-138. 72 A. M. Leroi, Mutants On the Form, Variety and Errors of the Human Body, London, Harper Collins, 2004. 73 G. R. De Beer, The Development of the Vertebrate Skull, Oxford, Clarendon, 1937. 74 T. Appel, The Cuvier-Geoffroy Debate French Biology in the Decade before Darwin, Oxford, Oxford University Press, 1987 ; H. Le Guyader, op. cit. 75 B. I. Balinsky, An Introduction to Embryology, Philadelphia, W. B. Saunders, 1965 2e éd., p. 351-352. 76 T. Lufkin et al., Homeotic transformation of the occipital bones of the skull by ectopic expression of a homeobox gene », Nature, 356, 1992, p. 835-841. 77 B. I. Balinsky, op. cit., p. 351-352. 78 A. Leroi, op. cit., 2004. 79 OMIM. Sept. 2004. Online Mendelian Inheritance in USA. 80 É. Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., 1826, p. 233. 81 Nous remercions Dr. Hannelore Kischkewitz de l’Ägyptisches Museum und Papyrussammlung à Berlin pour toutes ses informations sur le destin de la momie et les illustrations ainsi que Jeremy Pollard pour nous avoir autorisés à reproduire leurs photographies ; merci aussi à Saskia Bode pour son aide lors de nos recherches. Les recherches d’Armand M. Leroi ont été soutenues par des subsides du Biology and Biotechnology Research Council. N'hésitez pas à partager et à aimer si le cœur vous en dit! NamastéCette science et cette grande sagesse était parvenue en Égypte des siècles plus tôt avec les réfugiés du continent disparu, l’Atlantide, où de grandes réalisations humaines avaient été accomplies. De ces Atlantes rescapés du désastre, sans doute les plus sages, vint la connaissance des lois naturelles et des principes secrets qui permirent à l’Égypte de s’élever du plus primitif état d’existence à un niveau supérieur dans le domaine des arts et des sciences. L’œil d’Horus 2 Osiris Seigneur de la réincarnation L’œil d’Horus 3 Le Sphinx, le gardien des horizon, Genèse de la connaissance L’œil d’Horus 4 La fleur de vie L’œil d’Horus 5 Saqqarah, le sanctuaire de cristal L’œil d’Horus 6 Saqqarah, la machine quantique L’œil d’Horus 7 Dendera, l’aube de l’astronomie L’œil d’Horus 8 Edfu, la voix vers la compréhension L’œil d’Horus 9 Kom Ombo, l’accès à la liberté L’œil d’Horus 10 Philae, le principe féminin Partagé par Si l’article vous a plu, n’hésitez pas à vous abonner à nos Réseaux Sociaux / NewsLetter et à partager l’article. Et si vous vous en sentez inspiré, soutenir le site par un don en cliquant sur l’image ci-dessous nous faisons partie du compte RAIN Nutriment sur Paypal, mais c’est bien que vous soutiendrez. Merci infiniment et belle journée à vous. N'hésitez pas à partager et à aimer si le cœur vous en dit! Namasté Dans la mythologie égyptienne, dieu du Ciel, de la Lumière et de la Bonté. Horus était le fils d’Isis, déesse de la Nature et d’Osiris, dieu du Monde souterrain. Sommaire Présentation Iconographie Un dieu complexe Mythe archaïque Origines de l’État pharaonique Dieu dynastique Horus dans le mythe osirien Horus contre Seth Bibliographie Horus de l’égyptien Hor / Horou est l’une des plus anciennes divinités égyptiennes. Les représentations les plus communes le dépeignent comme un faucon couronné du pschent ou comme un homme hiéracocéphale. Son nom signifie le Lointain » en référence au vol majestueux du rapace. Son culte remonte à la préhistoire égyptienne. La plus ancienne cité à s’être placée sous son patronage semble être Nekhen, la Ville du Faucon » Hiérakonpolis. Dès les origines, Horus se trouve étroitement associé à la monarchie pharaonique en tant que dieu protecteur et dynastique. Les Suivants d’Horus sont ainsi les premiers souverains à s’être placés sous son obédience. Aux débuts de l’époque historique, le faucon sacré figure sur la palette du roi Narmer et, dès lors, sera constamment associé au pouvoir royal. Dans le mythe le plus archaïque, Horus forme avec Seth un binôme divin caractérisé par la rivalité, chacun blessant l’autre. De cet affrontement est issu Thot, le dieu lunaire, considéré comme leur fils commun. Vers la fin de l’Ancien Empire, ce mythe est réinterprété par les prêtres d’Héliopolis en intégrant le personnage d’Osiris, l’archétype du pharaon défunt divinisé. Cette nouvelle théologie marque l’apparition du mythe osirien où Horus est présenté comme le fils posthume d’Osiris né des œuvres magiques d’Isis, sa mère. Dans ce cadre, Horus joue un rôle majeur. En tant que fils attentionné, il combat son oncle Seth, le meurtrier de son père, le défait et le capture. Seth humilié, Horus est couronné pharaon d’Égypte et son père intronisé roi de l’au-delà. Cependant, avant de pouvoir combattre vigoureusement son oncle, Horus n’est qu’un être chétif. En tant que dieu-enfant Harpocrate, Horus est l’archétype du bambin soumis à tous les dangers de la vie. Frôlant la mort à plusieurs reprises, il est aussi l’enfant qui, toujours, surmonte les difficultés de l’existence. À ce titre, il est un dieu guérisseur et sauveur très efficace contre les forces hostiles. Outre ses traits dynastiques et royaux, Horus est une divinité cosmique, un être fabuleux dont les deux yeux sont le Soleil et la Lune. L’œil gauche d’Horus, ou Œil oudjat, est un puissant symbole associé aux offrandes funéraires, à Thot, à la Lune et à ses phases. Cet œil, blessé par Seth et guéri par Thot, est l’astre nocturne qui constamment disparaît et réapparaît dans le ciel. Sans cesse régénérée, la lune est l’espoir pour tous les défunts égyptiens d’une possible renaissance. Sous ses multiples aspects, Horus est vénéré dans toutes les régions égyptiennes. À Edfou, un des plus beaux temples ptolémaïques, le dieu reçoit la visite annuelle de la statue de la déesse Hathor de Dendérah et forme, avec Harsomtous, une triade divine. À Kôm Ombo, Horus l’Ancien est associé à Sobek, le dieu crocodile. Fort de cette renommée, le culte d’Horus s’est exporté hors d’Égypte, plus particulièrement en Nubie. À partir de la Basse époque, grâce aux cultes isiaques, la figure d’Harpocrate s’est largement popularisée à travers tout le bassin méditerranéen sous influence hellénistique puis romaine. PrésentationDieu faucon Horus est l’une des plus anciennes divinités égyptiennes. Ses origines se perdent dans les brumes de la préhistoire africaine. À l’instar des autres principales déités du panthéon égyptien, il est présent dans l’iconographie dès le quatrième millénaire avant notre ère. La dénomination contemporaine d’Horus est issue du théonyme grec Ὧρο Hōros élaboré au cours du premier millénaire avant notre ère au moment de la rencontre des cultures égyptienne et grecque. Ce théonyme est lui-même issu de l’égyptien ancien Hor qui étymologiquement signifie le lointain », le supérieur ». L’écriture hiéroglyphique ne restituant pas les voyelles, l’exacte prononciation égyptienne n’est plus connue, probablement Horou ou Hârou. Dans la langue proto-égyptienne, Horus devait désigner le faucon d’où son idéogramme. Dès la période protodynastique aux alentours de 3300 avant notre ère, le hiéroglyphe du faucon Hor désigne aussi le souverain, qu’il soit en exercice ou défunt, et peut même équivaloir au mot netjer, dieu », avec toutefois une connotation de souveraineté. Dans les Textes des pyramides, l’expression Hor em iakhou, Horus dans le rayonnement », désigne ainsi le roi défunt, devenu un dieu parmi les dieux à son entrée dans l’au-delà. En Égypte antique, plusieurs espèces de faucons ont coexisté. Les représentations de l’oiseau d’Horus étant le plus souvent très stylisées, il est assez difficile de l’identifier formellement à une espèce en particulier. Il semble toutefois que l’on puisse y voir une image du faucon pèlerin Falco peregrinus. Ce rapace de taille moyenne et au cri perçant est réputé pour sa rapidité en piqué lorsque, du haut du ciel, il fond sur ses petites proies terrestres. Ce faucon présente aussi la particularité d’avoir des plumes sombres sous les yeux la moustache » selon les ornithologues qui dessinent une sorte de croissant. Cette marque distinctive n’est pas sans rappeler le graphisme de l’œil oudjat associé à Horus et aux autres dieux Hiéracocéphales. Iconographie La divinité d’Horus se manifeste dans l’iconographie de multiples façons. Dans la plupart des cas, il est représenté comme un faucon, comme un homme à tête de faucon ou, pour évoquer sa jeunesse, comme un jeune enfant nu et chauve. La forme animale est la plus ancienne. Jusqu’à la fin de la période protodynastique, les animaux, dont le faucon, apparaissent comme étant bien plus efficaces et bien supérieurs aux hommes. De ce fait, les puissances divines sont alors exclusivement figurées sous une forme animale. Le faucon et son majestueux vol planant dans le ciel ont été manifestement interprétés comme la marque ou le symbole du Soleil, son nom le Lointain » faisant référence à l’astre diurne. Vers la fin de la Ire dynastie, aux alentours de -2800, en parallèle au développement de la civilisation égyptienne diffusion de l’agriculture, de l’irrigation et de l’urbanisme, la mentalité religieuse s’infléchit et les forces divines commencent à s’humaniser. À cette époque apparaissent les premiers dieux entièrement anthropomorphes et momiformes Min et Ptah. Concernant Horus, durant les deux premières dynasties, la forme animale reste la règle. Les premières formes composites hommes à tête animale font leur apparition à la fin de la IIe dynastie et, en l’état des connaissances, la plus ancienne représentation connue d’Horus en homme hiéracocéphale date de la IIIe dynastie. Elle figure sur une stèle à présent conservée au Musée du Louvren où le dieu est montré en compagnie du roi Houni-Qahedjet.. Parmi les plus célèbres représentations figure un fragment d’une statue conservée au Musée égyptien du Caire et montrant Khéphren assis sur son trône IVe dynastie. Le faucon est debout sur le dossier du siège et ses deux ailes ouvertes enveloppent la nuque royale afin de signifier sa protection. Dans le même musée est conservée la statue en or de l’Horus de Nekhen. Sa datation est discutée VIe ou XIIe dynastie . Il ne subsiste plus que la tête du falconidé coiffée d’une couronne constituée de deux hautes plumes stylisées. Ses yeux en pierre d’obsidienne imitent le regard perçant de l’oiseau vivant. Le Musée du Louvre présente à l’entrée de ses collections égyptiennes une statue d’Horus d’environ un mètre de haut, datée de la Troisième Période intermédiaire. Le Metropolitan Museum of Art de New York possède quant à lui une statuette où le roi Nectanébo II de la XXXe dynastie, dernier pharaon de l’Égypte indépendante, est montré petit et debout entre les pattes d’un majestueux faucon couronné du pschent. Un dieu complexe Le panthéon égyptien compte un grand nombre de dieux faucons ; Sokar, Sopdou, Hemen, Houroun, Dédoun, Hormerty. Horus et ses multiples formes occupent toutefois la première place. Dieu à multiples facettes, les mythes qui le concernent s’enchevêtrent. Il est toutefois possible de distinguer deux aspects principaux une forme juvénile et une forme adulte. Dans sa pleine puissance guerrière et sa maturité sexuelle, Horus est Horakhty, le soleil au zénith. À Héliopolis, en tant que tel, il est vénéré concurremment avec Rê. Dans les Textes des pyramides, le pharaon défunt ressuscite sous cette apparence de faucon solaire. Par un syncrétisme fréquent dans la religion égyptienne, Horakhty fusionne avec le démiurge héliopolitain, sous la forme de Rê-Horakhty. À Edfou, il est Horbehedety, le soleil ailé des temps primordiaux. À Kôm Ombo, il est Horus l’Ancien Haroëris, un dieu céleste imaginé comme un immense faucon dont les yeux sont le Soleil et la Lune. Quand ces astres sont absents du ciel, cet Horus est dit aveugle. À Nekhen Hiérakonpolis, la capitale des tout premiers pharaons, ce faucon céleste est Hor-Nekheny, dont les aspects guerriers et royaux sont très prononcés. Le jeune Horus apparaît lui aussi sous de multiples formes. Dans le mythe osirien, Horus est le fils d’Osiris et d’Isis. Osiris, assassiné par son frère Seth, est ramené à la vie, le temps d’une union charnelle, grâce aux efforts conjugués d’Isis et de Nephtys. C’est de cette union miraculeuse que naît Horus l’Enfant, Harpocrate, aussi dénommé Harsiesis, Horus fils d’Isis et Hornedjitef Horus qui prend soin de son père. Sous ce dernier aspect, pour venger la mort de son père, Horus affronte son oncle Seth. Après moult péripéties, il gagne le combat et reçoit le trône d’Égypte en héritage. La vaillance et la fidélité familiale d’Horus font de ce dieu l’archétype du pharaon. Cependant, sa légitimité est sans cesse contestée par Seth. Lors d’un combat qui l’oppose à son rival, Horus perd son œil gauche, qui est reconstitué par Thot. Appelé Oudjat ou œil d’Horus, cet œil, que les Égyptiens ont porté sur eux sous forme d’amulette, possède des vertus magiques et prophylactiques. Cet œil gauche reconstitué morceau par morceau par Thot représente la lune qui jour après jour s’accroît. À l’opposé de Seth, qui représente la violence et le chaos, Horus pour sa part incarne l’ordre et, tout comme pharaon, il est l’un des garants de l’harmonie universelle ; cependant, il ne faut pas réduire la théologie complexe des Égyptiens à une conception manichéenne du Bien et du Mal, car, dans un autre mythe, Seth est l’auxiliaire indispensable de Rê dans son combat nocturne contre le serpent Apophis. Bien et mal sont des aspects complémentaires de la création, tous deux présents en toute divinité. Mythe archaïque Dès les origines de l’État pharaonique, Horus est la divinité protectrice de la monarchie. Le dieu faucon, plus particulièrement celui adoré à Nekhen, est la puissance à laquelle Pharaon s’identifie en se voyant comme son successeur et son héritier. Avant même la création du mythe osirien, le combat d’Horus et Seth est à la base de l’idéologie royale. La réconciliation des deux divinités rivales en la personne du roi en exercice est lourde de signification et transparaît notamment lors des cérémonies d’investiture. Origines de l’État pharaoniquePouvoir pharaonique Le pouvoir pharaonique apparaît vers 3300 avant notre ère, ce qui fait de l’Égypte antique le premier État connu au monde. Sa durée couvre plus de trente-cinq siècles et, durant toute cette période, le faucon Horus est le dieu protecteur des pharaons. Depuis l’historien Manéthon, un Égyptien hellénisé au service de Ptolémée II, la chronologie des règnes est découpée en trente dynasties, des origines jusqu’à la conquête du pays par Alexandre le Grand en -322. Le premier nom de cette liste royale est celui du pharaon Ménès, Celui qui fonde » ou Celui qui établit l’État ». L’identité de ce personnage reste problématique ; il s’agit soit d’un personnage mythique, soit d’un souverain réel, Narmer ou Aha selon les propositions communément avancées. L’émergence d’une autorité unique sur le territoire égyptien résulte de multiples facteurs géographie, économie, politique, etc.. Les détails de ce processus d’unification restent encore nébuleux. Il s’est peut-être d’abord produit une agrégation des populations dans le sud de la vallée du Nil, en Haute-Égypte autour de deux ou plusieurs chefs puis d’un seul victoire de la ville de Nekhen sur Noubt. Puis, soumission de la Basse-Égypte par Ménès et ses successeurs. Dès les origines, le mythe de la victoire d’Horus le faucon sur Seth, la créature du désert, sert à symboliser le pouvoir du pharaon. Les actions royales, qu’elles soient guerrières ou pacifiques, s’inscrivent dans des rituels politico-religieux où le roi, considéré comme le successeur d’Horus, est capable d’influer sur les cycles naturels crue du Nil, courses du soleil et de la lune afin de satisfaire aux besoins matériels de ses sujets. La Palette de Narmer inaugure une scène rituelle qui perdure jusqu’à la fin de la civilisation égyptienne le massacre des ennemis, dont la tête est fracassée par une massue vigoureusement brandie par Pharaon. Sur la palette, Narmer debout et coiffé de la couronne blanche assomme un ennemi agenouillé qu’il maintient immobile en l’empoignant par les cheveux. Au-dessus de la victime, la présence et l’approbation d’Horus se manifestent sous la forme d’un faucon qui maintient enchaîné un fourré de papyrus muni d’une tête, symbole probable de la victoire du Sud sur le Nord. Suivants d’Horus D’après les fouilles archéologiques menées dans la haute vallée du Nil, il semble qu’aux alentours de -3500, les deux villes dominantes aient été Nekhen et Noubt, respectivement patronnées par Horus et Seth. Après la victoire de la première sur la seconde, les rois de Nekhen ont réalisé l’unification politique de l’Égypte. Avant le règne du pharaon Narmer-Ménès vers -3100, le premier représentant de la Ire dynastie, une douzaine de roitelets se sont succédé à Nekhen dynastie 0. Ces dynastes se sont tous placés sous la protection du dieu faucon en adoptant un Nom d’Horus » Hor, Ny-Hor, Hat-Hor, Pe-Hor, etc.. À des degrés divers, tous ont joué un rôle éminent dans la formation du pays. Dans la pensée religieuse égyptienne, le souvenir de ces roitelets a perduré sous l’expression des Suivants d’Horus ». Dans le Papyrus de Turin, ces Suivants sont magnifiés et idéalisés en voyant placée leur lignée entre la dynastie de dieux de l’Ennéade et celles des pharaons humains historiques. Les Textes des pyramides, les plus anciens textes religieux égyptiens, accordent très naturellement une place importante au dieu faucon de Nekhen adoré par les Suivants d’Horus. On le trouve désigné sous différentes expressions Horus de Nekhen », Taureau de Nekhen », Horus du Sud », Horus, seigneur de l’élite », Horus qui réside dans la Grande Cour », Horus qui est dans la Grande Cour », etc. Nekhen Hiérakonpolis Connue des Grecs sous le toponyme de Hiérakonpolis, la Ville des Faucons », Nekhen est une très antique cité aujourd’hui identifiée aux ruines arasées du Kôm el-Ahmar, la Butte Rouge ». Fondée à la Préhistoire, vers la fin du quatrième millénaire, Nekhen est durant la période prédynastique la capitale de la Haute-Égypte. Par la suite, durant la période pharaonique, Nekhen sur la rive gauche du Nil et Nekheb sur la rive droite forment la capitale du IIIe nome de Haute-Égypte. Dès sa fondation, Nekhen dispose d’une forte enceinte en briques crues large de dix mètres qui enserre un espace de sept hectares. D’après les secteurs fouillés, la ville s’organise en des rues quasi-rectilignes se coupant à angle droit. Le centre est occupé par un bâtiment officiel, sans doute un palais résidentiel muni de sa propre enceinte afin de l’isoler du reste de la ville. Le temple d’Horus, souvent remanié, occupait l’angle sud-ouest mais ses vestiges ne se signalent plus que par une butte artificielle vaguement circulaire. En 1897, deux fouilleurs anglais, James Edward Quibell et Frederick William Green, explorent le site du temple de Nekhen et découvrent un trésor » de pièces archéologiques une tête de faucon d’or, des objets en ivoire, des vases, des palettes, des étiquettes commémoratives, des statuettes humaines et animales. Ces reliques de la période prédynastique, conservées par les premiers pharaons memphites, ont probablement été confiées, pour préservation, aux prêtres de l’Horus de Nekhen. Il est tentant d’imaginer que ce don pieux soit l’œuvre de Pépy Ier VIe dynastie, une statue en cuivre grandeur nature le représentant avec son fils Mérenrê ayant été découverte près du dépôt principal. Dieu dynastiqueLes Deux Combattants Dans la mythologie égyptienne, Horus est surtout connu pour être le fils d’Osiris et le neveu de Seth ainsi que l’assassin de ce dernier. Si les déités Horus et Seth sont très anciennement attestées — dès la période prédynastique —, la figure d’Osiris est apparue bien plus tardivement, au tournant des IVe et Ve dynasties. L’intégration d’Osiris, au cours du XXVe siècle, dans le mythe d’Horus et Seth est par conséquent le résultat d’une reformulation théologique qualifiée par l’égyptologue français Bernard Mathieu de Réforme osirienne ». Les Textes des pyramides sont les plus anciens écrits religieux disponibles. Ces formules magiques et religieuses apparaissent gravées sur les murs des chambres funéraires à la fin de l’Ancien Empire. Leur élaboration est cependant bien plus primitive et certaines strates rédactionnelles semblent remonter à la période thinite Ire et IIe dynasties. Là, certains passages mentionnent un conflit entre Horus et Seth sans que n’intervienne la personne d’Osiris. Ces données peuvent être interprétées comme les traces ténues d’un mythe archaïque pré-osirien. Plusieurs expressions lient Horus et Seth en un binôme en les appelant les Deux Dieux », les Deux Seigneurs », les Deux Hommes », les Deux Rivaux » ou les Deux Combattants ». Leur mythe n’est pas exposé en un récit suivi mais seulement évoqué, çà et là, au moyen d’allusions éparses qui mentionnent qu’Horus et Seth se chamaillent et se blessent l’un l’autre ; le premier perdant son œil, le second ses testicules15 Horus est tombé à cause de son œil, Seth a souffert à cause de ses testicules. § 594a » Horus est tombé à cause de son œil, le Taureau a filé à cause de ses testicules. § 418a » pour qu’Horus se purifie de ce que lui a fait son frère Seth, pour que Seth se purifie de ce que lui a fait son frère Horus § *1944d-*1945a » — Textes des pyramides extraits. Traduction de Bernard Mathieu. Horus ou la victoire sur la confusion En son temps, l’égyptologue allemand Kurt Sethe a postulé que le mythe du conflit d’Horus et Seth trouve son élaboration dans la rivalité entre les deux royaumes primitifs rivaux de la Basse et de la Haute-Égypte. Cette hypothèse est maintenant rejetée et le consensus se porte sur la rivalité archaïque entre les villes de Nekhen et Noubt. Cette idée a été avancée en 1960 par John Gwyn Griffiths dans son ouvrage The Conlict of Horus and Seth. Dès les plus anciennes attestations écrites, le faucon Horus est lié à la ville de Nekhen Hiérakonpolis et son rival Seth à la ville de Noubt Ombos. À la fin de la période protohistorique, ces deux cités de Haute-Égypte jouent un rôle politico-économique essentiel et des tensions tribales existent alors entre les deux villes concurrentes. La lutte des Deux Combattants » pourrait symboliser les guerres menées par les fidèles d’Horus contre ceux de Seth. Sous le roi Narmer, probablement le légendaire Ménès, ce conflit s’est soldé par la victoire de Nekhen. D’autres universitaires comme Henri Frankfort et Adriaan de Buck ont minoré cette théorie en considérant que les Égyptiens, à l’instar d’autres peuplades antiques ou primitives, appréhendent l’univers selon des termes dualistes fondés sur des paires contraires mais complémentaires homme / femme ; rouge / blanc ; ciel / terre ; ordre / désordre ; Sud / Nord, etc. Dans ce cadre, Horus et Seth sont les parfaits antagonistes. Leur lutte symbolise tous les conflits et toutes les disputes où finalement l’ordre incarné par Horus doit soumettre le désordre personnifié par Seth. En 1967, Herman te Velde abonde dans ce sens dans Seth, God of Confusion, une monographie consacrée au turbulent Seth. Il estime que le mythe archaïque de l’affrontement d’Horus et Seth ne peut avoir été entièrement inspiré d’événements guerriers survenus à l’aube de la civilisation pharaonique. Les origines du mythe se perdent dans les brumes des traditions religieuses de la préhistoire. Les mythes ne sont jamais inventés de toutes pièces mais résultent de reformulations successives professées des croyants inspirés. Les maigres données archéologiques qui nous sont parvenues de cette lointaine époque sont d’interprétation délicate et ne peuvent guère aider à reconstituer la genèse de ce mythe. Contrairement à Horus qui incarne l’ordre pharaonique, Seth est un dieu sans limites, irrégulier et confus qui veut avoir des relations tantôt hétérosexuelles, tantôt homosexuelles. Les testicules de Seth symbolisent tant les aspects déchaînés du cosmos tempête, bourrasques, tonnerre que ceux de la vie sociale cruauté, colère, crise, violence. D’un point de vue rituel, l’Œil d’Horus symbolise les offrandes offertes aux dieux et a pour contrepartie les testicules de Seth. Pour que l’harmonie puisse advenir, Horus et Seth doivent être en paix et départagés. Une fois vaincu, Seth forme avec Horus un couple pacifié, symbole de la bonne marche du monde. Lorsque le pharaon est identifié à ces deux divinités, il les incarne donc comme un couple de contraires en équilibre. Investiture pharaonique Le couronnement de pharaon est un enchaînement complexe de rituels variés dont l’ordonnancement exact n’est pas encore bien reconstitué. Le papyrus dramatique du Ramesséum, très fragmentaire, semble être un guide ou un commentaire illustré du rituel mis en place pour l’avènement de Sésostris Ier XIIe dynastie. L’interprétation de ce document difficile à comprendre est encore débattue. Selon l’Allemand Kurt Sethe et le Français Étienne Drioton, l’investiture pharaonique est une sorte de spectacle sacré avec le nouveau souverain pour principal acteur. L’action est centrée sur les dieux Osiris et Horus et son déroulement s’inspire du mythe archaïque de l’affrontement d’Horus et Seth augmenté de l’épisode plus récent d’Horus condamnant Seth à porter la momie d’Osiris. L’Égypte antique a fondé sa civilisation sur le concept de la dualité. Le pays est ainsi perçu comme l’union des Deux Terres ». Principal symbole de la royauté, la couronne Pschent, les Deux Puissances », est la fusion de la couronne rouge de Basse-Égypte avec la couronne blanche de Haute-Égypte. Le pharaon incarne dans sa personne les Deux Combattants », à savoir Horus de Nekhen et Seth de Noubt. Le second est toutefois subordonné au premier et, dans les textes, la préséance est toujours accordée à Horus. Emblème de l’unification rituelle du pays, Horus et Seth désignent l’autorité monarchique. Dès la Ire dynastie, le roi en exercice est un Horus-Seth » comme l’indique une stèle datée du roi Djer où la reine est Celle qui voit Horus, sceptre hétes d’Horus, celle qui épaule Seth ». Plus tard, sous Khéops, ce titre est simplifié et la reine est Celle qui voit Horus-Seth ». Sous la IIe dynastie, le faucon d’Horus et le canidé de Seth surmontent conjointement le Serekh du roi Khâsekhemoui. Dès l’Ancien Empire, l’iconographie royale montre le binôme Horus et Seth en train de couronner le pharaon ou sous le Moyen Empire en train d’unir le papyrus et le lotus, les plantes héraldiques des deux royaumes, dans les scènes du Sema-taouy ou rite de la Réunion des Deux-Terres ». Horus et la titulature royale La titulature du pharaon avait une grande importance et était chargée d’une puissance magique considérable. Elle s’enrichit et se développe à partir de la Ire dynastie et parvient à son aboutissement — cinq noms différents mis ensemble — sous la Ve dynastie. L’assemblage des cinq composantes constitue le ren-maâ ou nom authentique » par lequel pharaon définit sa nature divine. La titulature est établie lors du couronnement mais est susceptible d’évoluer au cours du règne selon les circonstances politiques et les évolutions religieuses du moment. Toute modification signale ainsi des inflexions dans les intentions royales ou des désirs divins nouveaux imposés au souverain. Quels que soient son aspect et son rôle — faucon céleste, dieu créateur ou fils d’Osiris — Horus est le dieu dynastique par excellence. Aussi la première composante de la titulature royale est-elle le Nom d’Horus, déjà porté par les souverains de la Dynastie 0, à savoir les prédécesseurs de Narmer, considéré dans l’historiographie comme le premier des pharaons. Dès les origines, le nom d’Horus s’est inscrit dans le Serekh, un rectangle toujours surmonté du faucon sacré. Le registre inférieur représente la façade stylisée du palais royal vue de face tandis que l’espace où est inscrit le nom est le palais vu en plan. La signification du Serekh est évidente le roi dans son palais est l’Horus terrestre, à la fois l’incarnation du dieu faucon et son successeur légitime sur le trône d’Égypte. Sous la Ire dynastie, se mettent en place le Nom de Nesout-bity, symbole de l’union des Deux-Terres, et le Nom de Nebty patronné par les déesses Ouadjet et Nekhbet. Plus tard, sous la IVe dynastie s’ajoute le Hor Noubt ou Nom de l’Horus d’Or », dont l’interprétation est incertaine ; sous l’Ancien Empire, il semble qu’il ait été perçu comme l’union des dieux Horus et Seth réconciliés en la personne royale. Finalement, sous le règne de Djédefrê apparaît le cinquième nom, le Nom de Sa-Rê ou Fils de Rê » qui place le pharaon sous la filiation spirituelle de Rê, autre dieu faucon aux aspects céleste et solaire. Horus dans le mythe osirien En tant que fils d’Osiris, Horus occupe une grande place dans le mythe osirien. Adulte, le dieu faucon est le défenseur acharné des droits régaliens de son père défunt. Encore enfant, ses années de jeunesse sont troublées par de nombreux aléas. Constamment proche de la mort en raison des attaques de scorpions et de serpents, le jeune Horus, toujours sauvé par Isis, est devenu dans la croyance populaire un dieu sauveur et guérisseur. Horus, protecteur d’OsirisHorus, fils d’Osiris Selon l’égyptologue français Bernard Mathieu, l’apparition d’Osiris au tournant des IVe et Ve dynasties est le résultat d’une réforme religieuse de grande ampleur menée par les théologiens d’Héliopolis. Le mythe osirien provient d’un processus de reformulation où le très archaïque Horus, archétype du dieu-souverain, a d’abord été assimilé aux dieux Atoum-Rê et Geb puis s’est vu doté d’un aspect purement funéraire sous les traits d’Osiris, chef des esprits défunts. La réforme conduit à la création d’une lignée de neuf divinités, l’Ennéade d’Héliopolis composée d’Atoum, Shou, Tefnout, Geb, Nout, Osiris, Isis, Seth et Nephtys. Dans ce mythe renouvelé, Horus devient le fils du couple Osiris-Isis et le neveu de Seth. Ce dernier tue Osiris qui ressuscite grâce à l’intervention d’Isis. Les Textes des pyramides attestent des nouveaux liens familiaux attribués à Horus. L’expression Hor sa Ousir Horus fils d’Osiris » apparaît dans de nombreux passages. Dans une moindre mesure, on rencontre les appellations Hor renpi Horus le jeune » et Hor khered nechen Horus l’enfant nourrisson », préfigurations du théonyme tardif de Hor pa khered Horus l’enfant » Harpocrate seulement forgé après la fin du Nouvel Empire. L’expression Hor sa Aset Horus fils d’Isis » Horsaïsé n’apparaît qu’au sortir de la Première Période intermédiaire. Les Textes des pyramides n’ignorent toutefois la filiation par la mère, dont témoignent les expressions son Horus à elle », son Horus » en parlant d’Isis. Osiris, le dieu assassiné Osiris est le plus célèbre des dieux funéraires égyptiens. Avec Isis, son épouse, sa popularité ira croissante durant toute l’histoire religieuse égyptienne. À la Basse époque puis durant la période gréco-romaine, le dieu bénéficie d’une ou plusieurs chapelles dans les principaux temples du pays. Là, durant le mois de Khoiak, s’exercent les cérémoniels des Mystères d’Osiris qui sont la réactualisation du mythe par la grâce du rite. L’histoire de son assassinat et de son accès à la vie éternelle a fait sa gloire, chaque individu en Égypte s’identifiant à son sort. Les sources égyptiennes sont assez elliptiques à propos du meurtre d’Osiris. Les grandes lignes du mythe ont été exposées pour la première fois par le Grec Plutarque au IIe siècle. Seth, jaloux de son frère, assassine le roi Osiris en l’enfermant dans un coffre et en jetant celui-ci dans le fleuve. Après de longues recherches, Isis retrouve la dépouille à Byblos, la ramène au pays et la cache dans les marais du Delta. Au cours d’une partie de chasse, Seth découvre le corps et, fou furieux, démembre Osiris en quatorze morceaux qu’il jette au loin. Après une longue quête, Isis retrouve les membres épars et reconstitue le corps en le momifiant. Transformé en oiseau-rapace, Isis s’accouple avec son défunt mari et conçoit Horus, un fils prématuré et malingre. Devenu adulte, Horus entre en lutte contre Seth. Après plusieurs combats, Horus défait son rival et se fait proclamer roi d’Égypte Sur Isis et Osiris, § 13-19. Harendotès ou la solidarité familiale Connu en égyptien comme Hor-nedj-itef Horus le défenseur de son père » ou Horus qui prend soin de son père », Harendotès est la forme d’Horus sous l’apparence du fils attentionné. En Égypte antique, l’amour du fils envers le père est une des plus hautes valeurs morales. Cet amour filial est tout aussi important que l’amour qui doit régner au sein du couple homme-femme incarné par la relation Osiris-Isis. Bien que fils posthume, Horus est le défenseur pugnace des droits de son père usurpés par Seth. Après son assassinat, Osiris se trouve retranché de la communauté des dieux et privé de son statut royal. Devenu adulte, Horus ne poursuit qu’un seul but rétablir Osiris dans sa dignité et son honneur de roi. Dès les Textes des pyramides, nombre de textes affirment qu’Horus a rendu à son père ses couronnes et qu’il a fait de lui le roi des dieux et le souverain de l’empire des morts. Le rétablissement social d’Osiris s’incarne dans deux images constamment rappelées dans les liturgies funéraires celle du redressement de la momie Osiris ne gît plus, mais est debout et celle de l’humiliation de Seth, l’assassin étant condamné par Horus à porter la lourde momie d’Osiris vers son tombeau30 Ô Osiris roi ! Horus t’a mis à la tête des dieux, il a fait en sorte que tu prennes possession de la couronne blanche, de la dame ou tout ce qui est tien. Horus t’a trouvé, et c’est heureux pour lui. Sors contre ton ennemi ! Tu es plus grand que lui en ton nom de grand sanctuaire ». Horus a fait en sorte de te soulever en ton nom de grand soulèvement », il t’a arraché à ton ennemi, il t’a protégé en son temps. Geb a vu ta forme et t’a mis sur ton trône. Horus a étendu pour toi ton ennemi sous toi, tu es plus ancien que lui. Tu es le père d’Horus, son géniteur en ton nom de géniteur ». Le cœur d’Horus occupe une place prééminente auprès de toi en ton nom de Khentimenty. » — Textes des pyramides, chap. 371. Traduction de Jan Assmann1. Jugement du mort Bien plus que les Textes des pyramides et les Textes des sarcophages, assez méconnus des contemporains, le Livre des Morts, du fait de ses riches illustrations, bénéficie d’une grande notoriété auprès du grand public. Parmi les illustrations les plus fameuses figure la scène du jugement de l’âme chapitres 33B et 125. Le cœur du mort est posé sur l’un des deux plateaux d’une grande balance à fléau, tandis que la déesse Maât Harmonie, sur l’autre plateau, sert de poids de référence. La mise en image de cette pesée ne remonte pas au-delà du règne d’Amenhotep II début de la XVIIIe dynastie mais sera inlassablement reproduite durant seize siècles jusqu’à la période romaine. Selon les exemplaires du Livre des Morts, Horus sous son aspect d’homme hiéracocéphale est amené à jouer deux rôles différents. Il peut apparaître près de la balance comme le maître de la pesée ». Il maintient à l’horizontale le fléau afin que le cœur et la Maât se trouvent à l’équilibre. Le défunt est considéré comme exempt de fautes et se voit proclamé Juste de voix », c’est-à-dire admis dans la suite d’Osiris. À la fin de la XVIIIe dynastie ce rôle de contrôleur est le plus souvent confié à Anubis. Horus apparaît alors dans le rôle d’ accompagnateur du mort ». Après la pesée, le mort est conduit devant Osiris assis sur son trône et accompagné d’Isis et Nephtys, les deux sœurs debout derrière lui. Dans quelques exemplaires, le rôle d’accompagnateur est dévolu à Thot mais, le plus souvent, c’est à Horus que revient cette charge. D’une main, Horus salue son père et de l’autre, il tient la main du défunt, qui, en signe de respect, s’incline devant le roi de l’au-delà. Reçu en audience, le défunt s’assoit devant Osiris. Le chapitre 173 du Livre des Morts indique les paroles prononcées lors de cette entrevue. Le défunt s’approprie l’identité d’Horus et, dans une longue récitation, énumère une quarantaine de bonnes actions qu’un fils attentionné se doit d’effectuer pour son père défunt dans le cadre d’un culte funéraire efficace Paroles à dire Je te fais adoration, maître des dieux, dieu unique qui vit de la vérité, de la part de ton fils Horus. Je suis venu à toi pour te saluer ; je t’apporte la vérité, là où est ton ennéade ; fais que je sois parmi elle, parmi tes suivants, et que je renverse tous tes ennemis ! J’ai perpétué tes galettes d’offrande sur terre, éternellement et Osiris, je suis ton fils Horus. Je suis venu te saluer, mon père Osiris. Ô Osiris, je suis ton fils Horus. Je suis venu renverser tes ennemis. Ô Osiris, je suis ton fils Horus. Je suis venu chasser tout mal de toi. Ô Osiris, je suis ton fils Horus. Je suis venu abattre ta souffrance. ... Ô Osiris, je suis ton fils Horus. Je suis venu alimenter pour toi tes autels. ... Ô Osiris, je suis ton fils Horus. Je suis venu te consacrer les veaux-qehhout. Ô Osiris, je suis ton fils Horus. Je suis venu égorger pour toi les oies, les canards. Ô Osiris, je suis ton fils Horus. Je suis venu prendre au lasso pour toi tes ennemis dans leurs liens. ... — Paul Barguet, Livre des Morts, extraits du chap. 173 Horus l’EnfantConception posthume d’Horus D’après le mythe osirien rapporté par Plutarque au IIe siècle av. le jeune Horus est le fils posthume d’Osiris, conçu par Isis lors de son union avec la momie de son époux. Cet enfant serait né prématuré et imparfait car faible des membres inférieurs . Dans la pensée pharaonique, les années bénéfiques du règne d’Osiris ne sont qu’une sorte de prélude destiné à justifier la proclamation d’Horus en tant que juste possesseur du trône. La transmission de la royauté depuis Osiris le père assassiné, via Seth le frère usurpateur, vers Horus le fils attentionné, n’est possible que grâce à l’action efficace de la rusée Isis, une magicienne hors norme. Après l’assassinat et le démembrement de son époux, Isis retrouve les membres épars et reconstitue le corps dépecé en le momifiant. Grâce à son pouvoir magique, la déesse parvient à revivifier la dépouille du dieu défunt, juste le temps d’avoir une relation sexuelle avec lui, afin de concevoir Horus. Selon Plutarque, la seule partie du corps d’Osiris qu’Isis ne parvint pas à retrouver est le membre viril car jeté dans le fleuve et dévoré par les poissons pagres, lépidotesn et oxyrhynques. Pour le remplacer, elle en fit une imitation . Cette affirmation n’est cependant pas confirmée par les écrits égyptiens pour qui le membre fut retrouvé à Mendès. L’accouplement mystique d’Osiris et Isis est déjà connu des Textes des pyramides où il s’intègre dans une dimension astrale. Osiris est identifié à la constellation Sah Orion, Isis à la constellation Sopedet Grand Chien et Horus à l’étoile Soped Sirius. Dans l’iconographie, le moment de l’accouplement posthume n’apparaît qu’au Nouvel Empire. La scène figure gravée sur les parois de la chapelle de Sokar dans le [1] en Abydos. Sur l’un des bas-reliefs, Osiris est montré éveillé et couché sur un lit funéraire. À l’image d’Atoum lorsqu’il émergea des eaux primordiales afin de concevoir l’universn 4, Osiris stimule manuellement son pénis en érection afin de provoquer une éjaculation. Sur la paroi d’en face, un second bas-relief montre Osiris, en érection, s’accouplant avec Isis transformée en oiseau rapace et voletant au-dessus du phallus. La déesse est figurée une seconde fois, à la tête du lit funéraire tandis qu’Horus est lui aussi déjà présent, aux pieds de son père, sous l’apparence d’un homme hiéracocéphale. Les deux divinités étendent leurs bras au-dessus d’Osiris en guise de protection. Dans ces deux fresques mythologiques qui se déroulent à l’intérieur même du tombeau d’Osiris, présent et futur se confondent en montrant l’accouplement et en anticipant la réalisation de la future triade divine par la présence conjointe d’Osiris, Isis et Horus. Horus contre Seth Deux épisodes majeurs ponctuent le mythe de la lutte d’Horus et Seth. Le premier est la naissance de Thot, le dieu lunaire, né de la semence d’Horus et issu du front de Seth. Le second est la perte momentanée de l’œil gauche d’Horus, endommagé par Seth. Cet œil est le symbole du cycle lunaire et des rituels destinés à revivifier les défunts. Aventures d’Horus et SethPapyrus Chester Beatty I Le mythe de l’affrontement d’Horus et Seth est attesté dans les plus anciens écrits égyptiens que sont les Textes des pyramides. Cet ensemble de formules magiques et d’hymnes religieux se trouve gravé dans les chambres funéraires des derniers pharaons de l’Ancien Empire. Il ne s’agit toutefois là que d’allusions éparses, ces écrits étant des liturgies destinées à la survie post mortem et non pas des récits mythologiques. Par la suite, ce conflit est évoqué tout aussi allusivement dans les Textes des sarcophages et le Livre des Morts. Dans l’état actuel des connaissances égyptologiques, il faut attendre la fin du Nouvel Empire et la Période ramesside XIIe siècle pour voir rédigé un véritable récit suivi des péripéties des deux divinités rivalesn 6. Le mythe est consigné sur un papyrus en écriture hiératique trouvé à Deir el-Médineh Thèbes dans les restes d’une bibliothèque familiale. Après sa découverte, le papyrus intègre la collection de l’industriel millionnaire Alfred Chester Beatty et demeure depuis conservé à la Bibliothèque Chester Beatty à Dublin. Son premier traducteur est l’égyptologue britannique Alan Henderson Gardiner publié en 1931 par l’Oxford University Press. Depuis lors ce récit est connu sous le titre des Aventures d’Horus et Seth en anglais The Contendings of Horus and Seth. Ce savant a porté un regard assez condescendant sur ce récit qu’il jugeait appartenir à la littérature populaire et ribaude, sa morale puritaine désapprouvant certains épisodes comme les mutilations d’Isis et Horus décapitation, amputation, énucléation ou les penchants homosexuels de Seth. Depuis cette date, les Aventures ont été maintes fois traduites en langue française ; la première étant celle de Gustave Lefebvre en 1949. Dans les travaux égyptologiques récents, on peut se borner à citer la traduction livrée en 1996 par Michèle Broze. Cette analyse poussée a démontré la richesse littéraire et la cohérence subtile d’une œuvre élaborée par un scribe érudit, très habile dans une narration non dénuée d’humour. Résumé du mythe Après la disparition d’Osiris, la couronne d’Égypte revient de droit au jeune Horus, son fils et héritier. Mais son oncle Seth, le jugeant trop inexpérimenté, désire ardemment se faire proclamer roi par l’assemblée des dieux. Horus, appuyé de sa mère Isis, fait convoquer le tribunal des dieux à toute fin de régler ce contentieux. Rê préside, tandis que Thot tient le rôle du greffier. Quatre-vingts ans s’écoulent sans que le débat progresse. Le tribunal est partagé entre les tenants de la royauté légitime revenant à Horus, et Rê qui voit en Seth son perpétuel défenseur contre Apophis le monstrueux serpent des origines. Les débats tournent en rond et nécessitent un avis extérieur. C’est donc à Neith, déesse de Saïs, réputée pour son infinie sagesse, que Thot adresse une missive. La réponse de la déesse est sans ambiguïté la couronne doit revenir à Horus. Cependant, pour ne pas pénaliser Seth, Neith propose de lui offrir les déesses Anat et Astarté comme épouses. Le tribunal se réjouit de cette solution, mais Rê, lui, reste sceptique. Horus ne serait-il pas un peu jeune pour assumer la direction du royaume ? Après quelques heurts entre les deux parties et excédé par tant de tergiversations, Rê ordonne le déplacement des débats vers l’Île-du-Milieu. Furieux contre Isis, Seth demande que les débats se poursuivent en son absence. La requête est acceptée par Rê qui ordonne à Anti d’en interdire l’accès à toute femme. Mais c’était compter sans la ténacité de la déesse. Elle soudoie Anti et se réintroduit dans l’enceinte du tribunal sous les traits d’une belle jeune femme. Rapidement, elle ne manque pas d’attirer l’attention de Seth. Tous deux finissent par converser et, troublé par tant de beauté, Seth s’égare dans des propos compromettants en reconnaissant sous cape la légitimité filiale d’Horus ! La rusée Isis se dévoile alors. Le coup de théâtre laisse Seth sans voix. Quant à Rê, il ne peut que juger de l’imprudence de Seth qui s’est confié, sans prendre garde, à une inconnue. Dépité, il ordonne le couronnement d’Horus et punit Anti pour s’être laissé corrompre par Isis. Mais le colérique Seth n’est pas décidé à en rester là. Il propose à Horus une épreuve aquatique où les deux dieux se transforment en hippopotames. Celui qui restera le plus longtemps sous l’eau pourra devenir roi. Mais Isis, qui suit de près les mésaventures de son fils, perturbe la partie. Elle s’attire finalement le mécontentement d’Horus qui fou de rage la décapite et la transforme en statue de pierre. Mais Thot lui redonne la vie en lui fixant au cou une tête de vache. Après son méfait, Horus, prend la fuite vers le désert. Mais, poursuivi par Seth il est rapidement rattrapé. Prestement, Seth jette Horus à terre et lui arrache les deux yeux qu’il enterre. La déesse Hathor, émue par le triste sort d’Horus, le guérit grâce à un remède de lait d’antilope. Apprenant cette histoire et lassé de ces sempiternelles chamailleries, Rê ordonne la réconciliation des deux belligérants autour d’un banquet. Mais une fois encore, Seth décide de troubler la situation. Il invite son neveu à passer la soirée chez lui, ce que ce dernier accepte. La nuit, Seth s’essaye à féminiser Horus lors d’une relation homosexuelle afin de le rendre indigne du pouvoir royal. Toutefois, Horus parvient à éviter l’assaut et recueille la semence de son oncle entre ses mains. Le jeune dieu accourt vers sa mère. Horrifiée, elle coupe les mains de son fils et les jette dans le fleuve pour les purifier. Par la suite, elle masturbe son fils, recueille sa semence et la dépose sur une laitue du jardin de Seth. Insouciant, Seth mange la laitue et se trouve engrossé. Devant tous les dieux, il donne naissance au disque lunaire qui s’élance hors de son front. Seth veut le fracasser à terre mais Thot s’en saisit et se l’approprie. Après une ultime épreuve aquatique, proposée par Seth et remportée par Horus, Osiris, resté jusqu’alors silencieux, intervient depuis l’au-delà et met directement en cause le tribunal qu’il juge trop laxiste. En tant que dieu de la végétation, il menace de couper les vivres à l’Égypte et de décimer la population par la maladie. Les dieux, bousculés par tant d’autorité, ne tardent pas à rendre un verdict favorable à Horus. Mais Seth n’est pas oublié. Placé aux côtés de Rê, il devient celui qui hurle dans le ciel », le très respecté dieu de l’orage. Mythe de l’Œil d’HorusHorus aveuglé par Seth Dans le papyrus des Aventures d’Horus, Seth pour se départager d’Horus propose qu’ils se transforment tous deux en hippopotames et qu’ils plongent en apnée dans les eaux du fleuve. Celui qui remonte avant trois mois révolus, ne sera pas couronné. Les deux rivaux se jettent dans le Nil. Mais Isis, craignant pour la vie de son fils, décide d’intervenir. Elle confectionne une lance magique afin de harponner Seth pour l’obliger à émerger hors des eaux. Elle lance son harpon mais celui-ci touche malheureusement Horus. Sans s’interrompre, la déesse lance une seconde fois son harpon et touche Seth. Ce dernier l’implore piteusement de lui retirer l’arme hors son corps ; ce qu’elle fait. En constatant cette clémence, Horus se met en colère et décapite sa mère. Aussitôt, Isis se transforme en statue de pierre acéphale Rê-Harakhty poussa un grand cri et dit à l’Ennéade Hâtons-nous et infligeons-lui un grand châtiment ». L’Ennéade grimpa dans les montagnes pour rechercher Horus, le fils d’Isis. Or, Horus était couché sous un arbre au pays de l’oasis. Seth le découvrit et s’empara de lui, le jeta sur le dos sur la montagne, arracha ses deux yeux Oudjat de leur place, les enterra dans la montagne pour qu’ils éclairassent la terre ... Hathor, Dame du sycomore du sud, s’en alla et elle trouva Horus, alors qu’il était effondré en larmes dans le désert. Elle s’empara d’une gazelle, lui prit du lait et dit à Horus Ouvre les yeux, que j’y mette du lait ». Il ouvrit les yeux, et elle y mit le lait elle en plaça dans le droit, elle en plaça dans le gauche, et ... elle le trouva rétabli. » — Aventures d’Horus et Seth extraits. Traduction de Michèle Broze Durant la période gréco-romaine, soit plus d’un millénaire après la rédaction des Aventures d’Horus et Seth, le Papyrus Jumilhac, une monographie consacrée aux légendes anubiennes de la Cynopolitaine, ne manque pas d’évoquer le mythe de la perte des yeux d’Horus. Seth ayant appris que les yeux étaient enfermés dans deux lourds coffrets en pierre ordonne à des complices de les voler. Une fois en ses mains, il charge les coffrets sur son dos, les dépose au sommet d’une montagne et se transforme en gigantesque crocodile pour les surveiller. Mais Anubis transformé en serpent se glisse auprès des coffrets, prend possession des yeux et les dépose dans deux nouveaux coffrets en papyrus. Après les avoir enterrés plus au nord, Anubis s’en retourne auprès de Seth afin de le consumer. À l’endroit où Anubis enterra les yeux émergea un vignoble sacré où Isis établit une chapelle pour rester au plus près d’eux. BibliographieArchitecture Nathalie Baum, le Temple d’Edfou À la découverte du Grand Siège de Rê-Harakhty, Monaco, le Rocher, coll. Champollion », 2007, 366 p. ISBN 9782268057958 S. Aufrère, Golvin, Goyon, L’Égypte restituée Tome 1, Sites et temples de Haute Égypte, Paris, Errance, 1991, 270 p. ISBN 2-87772-063-2 Daniel Soulié, Villes et citadins au temps des pharaons, Paris, Perrin, 2002, 286 p. ISBN 2702870384Généralités Jan Assmann, Mort et au-delà dans l’Égypte ancienne, Monaco, Éditions du Rocher, 2003, 685 p. ISBN 2-268-04358-4 Sylvie Cauville, L’offrande aux dieux dans le temple égyptien, Paris-Leuven Belgique, Peeters, 2011, 291 p. ISBN 978-90-429-2568-7 Jean-Pierre Corteggiani ill. Laïla Ménassa, L’Égypte ancienne et ses dieux, dictionnaire illustré, Paris, éditions Fayard, 2007, 589 p. ISBN 978-2-213-62739-7 Maurizio Damiano-Appia, L’Égypte. Dictionnaire encyclopédique de l’Ancienne Égypte et des civilisations nubiennes, Paris, Gründ, 1999, 295 p. ISBN 2700021436 Christiane Desroches Noblecourt, Le fabuleux héritage de l’Égypte, Paris, SW-Télémaque, 2004, 319 p. ISBN 228600627X Étienne Drioton, Pages d’égyptologie, Le Caire, Éditions de la Revue du Caire, 1957, 385 p. Françoise Dunand, Roger Lichtenberg et Alain Charron, Des animaux et des hommes Une symbiose égyptienne, Monaco, Le Rocher, 2005, 271 p. ISBN 2268052958 Annie Gasse, Les stèles d’Horus sur les crocodiles, Paris, RNM, 2004, 182 p. ISBN 9782711847839 Annie Gasse, La stèle Brügger, une stèle d’Isis sur les crocodiles », ENIM 7, Montpellier,‎ 2014, p. 125-143 François-Xavier Héry et Thierry Enel, L’Égypte, mère du monde, Paris, GLM, 233 p. Yvan Koenig, Magie et magiciens dans l’Égypte ancienne, Paris, Pygmalion, 1994, 360 p. ISBN 2857044151 Bernadette Menu, Recherches sur l’histoire juridique, économique et sociale de l’ancienne Égypte. II, Le Caire, IFAO, 2008, 423 p. ISBN 9782724702170, chap. 5 Naissance du pouvoir pharaonique », p. 65-98 Ruth Schumann et Stéphane Rossini, Dictionnaire illustré des dieux de l’Égypte, Monaco, coll. Champollion », 2003, 580 p. ISBN 2268047938Mythologie Paul Barguet, Le Livre des Morts des Anciens Égyptiens, Paris, Éditions du Cerf, 1967, 307 p. ISBN 2-20401354-4 André Barucq, Les textes cosmogoniques d’Edfou d’après les manuscrits laissés par Maurice Alliot », BIFAO, Le Caire, vol. 64,‎ 1966, p. 125-167 lire en ligne [archive] Philippe Derchain, Mythes et dieux lunaires en Égypte », La lune, mythes et rites, Paris, Éditions du Seuil, série Sources orientales, vol. 5,‎ 1962, p. 17-68 Étienne Drioton, Variantes dans les légendes d’Osiris et d’Horus », BSFE 30, Paris,‎ 1959 Annie Forgeau, Horus-fils-d’Isis. La jeunesse d’un dieu, Le Caire, IFAO, 2010, 529 p. ISBN 9782724705171 Henri Frankfort trad. Jacques Marty et Paule Krieger, La royauté et les dieux Intégration de la société à la nature dans la religion de l’ancien Proche Orient, Paris, Payot, 1951, 436 p. Jean-Claude Goyon, Les dieux-gardiens et la genèse des temples d’après les textes égyptiens de l’époque gréco-romaine Les 60 d’Edfou et les 77 dieux de Pharbaethos, Le Caire, IFAO, coll. BiEtud 93 », 1985 ISBN 2724700155 Erik Hornung, Les Dieux de l’Égypte Le un et le multiple, Monaco, Le Rocher, 1986, 309 p. ISBN 2-268-01893-8 Bernard Mathieu, Les Enfants d’Horus, théologie et astronomie Enquêtes dans les Textes des Pyramides, 1 », ENiM 1, Montpellier,‎ 2008, p. 7-14 lire en ligne [archive] Bernard Mathieu, Mais qui est donc Osiris ? Ou la politique sous le linceul de la religion Enquêtes dans les Textes des Pyramides, 3 », ENiM 3, Montpellier,‎ 2010, p. 77-107 lire en ligne [archive] Bernard Mathieu, Seth polymorphe le rival, le vaincu, l’auxiliaire Enquêtes dans les Textes des Pyramides, 4 », ENiM 4, Montpellier,‎ 2011, p. 137-158 lire en ligne [archive] Bernard Mathieu, Horus polysémie et métamorphoses Enquêtes dans les Textes des Pyramides, 5 », ENiM 6, Montpellier,‎ 2013, p. 1-26 lire en ligne [archive] Dimitri Meeks, Mythes et légendes du Delta d’après le papyrus Brooklyn Le Caire, IFAO, 2008 ISBN 9782724704273 Alexandre Moret, Horus sauveur », Revue de l’histoire des religions, Paris, Armand Colin, t. 72,‎ 1915, p. 213-287 JSTOR 23663050 Herman te Velde trad. Christian Bégaint, Seth, ou la divine confusion Une étude de son rôle dans la mythologie et la religion égyptienne, Scribd, 2011, 172 p. lire en ligne [archive]Traductions Paul Barguet, Textes des Sarcophages égyptiens du Moyen Empire, Paris, Éditions du Cerf, 1986, 725 p. ISBN 2204023329 André Barucq et François Daumas, Hymnes et prières de l’Égypte ancienne, Paris, Le Cerf, 1980 ISBN 2204013374 Raphaël Bertrand, Les Textes de la Pyramide d’Ounas, Paris, ANOUP éditions, 2004 ISBN 2950751512 Michèle Broze, Mythe et roman en Égypte ancienne. Les aventures d’Horus et Seth dans le Papyrus Chester Beatty I, Louvain, Peeters, 1996 Claude Carrier, Textes des Pyramides de l’Égypte ancienne Tome I, Textes des pyramide d’Ounas et de Téti, Paris, Cybèle, 2009 ISBN 9782915840100, p. 1 à 423. François Lexa, La magie dans l’Égypte antique de l’Ancien Empire jusqu’à l’époque copte, Paris, Librairie orientaliste Paul Geuthner, 1925 Plutarque trad. Mario Meunier, Isis et Osiris, Paris, Guy Trédaniel Éditeur, 2001, 237 p. ISBN 2857070454 Jacques Vandier, Le Papyrus Jumilhac, Paris, CNRS, 1961, 349 p. 403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID 4hDJSai6NklFiKnTauaLJxep7GHRwB5-dd3Mb1hm3bC_w2UZWCPzYg== A propos de “L’oeil d’Horus” de Alain Surget. Alain Surget est un écrivain français contemporain né en 1948. Il a écrit une trilogie sur l’Egypte dont L’œil d’Horus » est le premier tome, ensuite viennent Le Cavalier du Nil » et L’assassin du Nil ». Cette trilogie est pour des jeunes lecteurs, elle est souvent étudiée en sixième. L’histoire de l’Egypte étant au programme d’histoire. Alain Surget a écrit en tout une quinzaine de romans. Résumé rapide de L’oeil d’Horus Elle se passe durant l’Egypte antique, c’est à dire 3000 ans avant Jésus-Christ. Le livre raconte l’histoire du fils du roi de Haute-Egypte. Il est doux et n’a pas l’envergure d’être roi. Son père lui demande de partir accomplir trois exploits importants. Il doit partir seul sur le Nil mais il se retrouve avec une passagère clandestine. Elle refuse de croire qu’elle est en compagnie du fils du roi et lui impose sa forte personnalité, ce qui apportera beaucoup au récit. Le dernier exploit que doit faire le fils du roi, c’est d’empêcher Seth, la représentation du mal, de tuer Horus. Etude du livre -Qui est Horus ? C’est le dieu faucon, il est le fils d’Osiris tué par Seth, son oncle. Il veut venger son père et part en guerre. Après de nombreux épisodes et de batailles, Seth est vaincu et Horus peut devenir le roi d’Egypte. Pendant une bataille, Horus avait perdu un œil, il a été brisé en six morceaux. Thot, une divinité égyptienne, le reconstitue et le rend à Horus. C’est ainsi que l’œil d’Horus est devenu la victoire du bien sur le mal. L’œil d’Horus est surtout un symbole hybride entre un œil humain et un œil de faucon qui représente la victoire du bien sur le mal. C’est un œil surmonté d’un sourcil. Ce dessin a connu une grande importance dans la civilisation égyptienne. On le mettait dans les bandelettes qui enveloppaient les défunts. Il était le symbole de la renaissance et représentait aussi les cinq sens qui aidaient à accéder à L’énergie obscure ». Le roman de Alain Surget porte ce nom car le dieu Horus permet à un moment au fils du roi de dessiner son œil sur un peau de gazelle. Ce dessin apporte force et courage à l’enfant. Ainsi l’auteur montre que l’histoire des dieux et celle des hommes s’inscrivent dans une trame commune. C’était bien la manière dont les égyptiens voyaient le monde. Il a su donner vie aux divinités, il instruit intelligemment le lecteur. Il sait aussi parler des cultes des dieux, il rend tous ces enseignements légers à lire. Surtout que le livre est extrêmement bien écrit. Ces deux jeunes égyptiens vivent un voyage initiatique et nous accompagnons surtout le jeune héros à travers ses mésaventures et les épreuves auxquelles il sera confronté. Il va grandir et les exploits qu’il va accomplir feront de lui un être riche en expériences. Les lecteurs comprennent rapidement que cette histoire est celle de tous les enfants qui doivent affronter le monde pour grandir. En même temps, ils apprennent beaucoup sur les légendes passionnantes de la mythologie. L’histoire est bien structurée, les personnages sont attachants et les éléments historiques sont facilement utilisables pour le programme de sixième. Alain Surget est extrêmement bien documenté, ses romans montrent une bonne connaissance de la civilisation antique de ce pays. Il est enseignant en histoire. Il demeure un auteur accessible qui voyage beaucoup et se déplace pour aller à la rencontre de son jeune public. Ceux qui ont lu le premier tome vont acheter les deux autres. L’œil D’Horus est un livre très instructif qui fait découvrir la mythologie égyptienne aux lecteurs d’une douzaine d’années.

l oeil d horus résumé par chapitre